16 août 2020

« Pleines de grâce » de Gabriela Cabezón Cámara

« Je me sentais échouée et j’ai cru avoir survécu à un naufrage. Je sais maintenant que personne ne survit à un naufrage. Ceux qui coulent meurent et ceux qui s’en sortent vivent en se noyant » ? « Tout ce qui est né will die ». L’art de jongler sans cesse entre le comique et le tragique. C’est ce qui attend le lecteur en ouvrant Pleines de grâce, roman sous les allures d’un manuscrit qu’écrit la journaliste Qűity pour raconter l’histoire de la villa El Paso, un bidonville de Buenos Aires. Régulièrement,... [Lire la suite]
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26 juillet 2020

« Harpo » de Fabio Viscogliosi

Harpo, le muet des Marx Brothers. Celui qui joue de la harpe, qui porte un trench-coat, une perruque et un haut de forme. Le plus clownesque. Le plus burlesque. Fabio Viscogliosi en fait le héros de ce court roman à la fois trépidant et tendre. Que se passe-t-il dans la tête du cher Harpo quand, le 12 décembre 1933, après un voyage en URSS, il ne prend pas son paquebot au Havre pour retourner à New York ? Pourquoi décide-t-il de louer une Citroën Torpédo avec laquelle il a un accident en plein milieu de l’Ardèche ? Le... [Lire la suite]
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17 juillet 2020

« Crève, mon amour » d’Ariana Harwicz

« Ce qui me sauve ce soir et tous les autres n’a rien à avoir avec l’amour de mon homme et mon fils. Ce qui me sauve c’est l’œil doré du cerf encore et toujours posé sur moi ». Dérangé et dérangeant. Sauvage comme ce cerf ensanglanté sur la couverture. Crève, mon amour est l’histoire d’une femme devenue mère depuis peu. Une femme qui ne parvient pas à trouver sa place entre les injonctions sociales liées à sa nouvelle maternité et ses pulsions animales, ses désirs de femme. Elle fuit ces injonctions en se reconnectant à... [Lire la suite]
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25 juin 2020

« Le jour où le désert est entré dans la ville » de Guka Han

    Où est le désert ? « Il est par là… par là… un peu partout », répond un homme croisé dans la rue à la narratrice de Luoes, la première nouvelle de ce recueil qui en compte huit. Oui, le désert est partout dans les villes et dans les vies. Huit nouvelles et pourtant la sensation qu’elles forment une seule et même entité. La ville est le point d’ancrage. Elle est le décor froid, implacable des différentes histoires qui révèlent la dureté de nos sociétés où l’on ne communique plus ou mal, où aimer est... [Lire la suite]
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12 juin 2020

« Nos corps érodés » de Valérie Cibot

« En réalité, ce qui a eu lieu ici marque à la fois le crépuscule et l’aube. La clarté est venue de l’onde. Disons qu’une vague a tout emporté et que cette histoire-là, c’est celle de la vague ». Elle revient sur son île. Ce qu’il en reste du moins. De longues étendues de plages fermées, des falaises grignotées, des blockhaus qui s’effondrent. L’érosion est partout. Le sel, le sable et l’humidité viennent attaquer, menacer l’île et ses habitants. Ça sent l’iode, le salpêtre et la violence. Ça a le goût du béton, de... [Lire la suite]
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12 mars 2020

« Les échappées » de Lucie Taïeb

« On porte en soi la mort comme un fruit qui mûrit, paraît-il, mais on ne veut pas, pour autant, qu’elle parvienne à maturité. On préfère qu’elle ne grandisse pas, alors on ne bouge pas, de peur d’accélérer le processus. Mais, il y a, dans cette immobilité, quelque chose qui ronge, véritablement : un épuisement prématuré des forces, un déclin impassible, une image qui vous fascine et vous empêche de fuir, comme la bête piégée par l’éclat des phares, stoppée net au milieu de la voie, et que le véhicule n’évitera pas ».... [Lire la suite]
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27 février 2020

« Les falaises » de Virginie DeChamplain

« Les femmes de ma vie. On se succède sans se voir, comme des ombres qui courent devant les miroirs, sacrent des coups de poing dedans et continuent leur route pour voir le monde ». Elle pense qu’elle est brisée. V. Comme la vague qui rencontre le rocher. Brisée. Comme le corps de cette mère-sirène rejeté par le Saint-Laurent, « ses cheveux comme des algues dans le ressac ». V. revient dans sa maison natale en Gaspésie, après plusieurs années d’absence. Funérailles de la mère, deuil d’une enfance, souvenirs à... [Lire la suite]
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12 février 2020

« Au rythme de notre colère » de Guy Gunaratne

« C’est la violence qui a fait cette ville. Ceux qui y vivent depuis toujours grandissent avec elle comme avec un grand frère. En cette ultime journée où la langue des flammes a détruit les dômes et les peintures de notre mosquée, on sait que personne nous sauverait. La fureur était comme une fièvre palpable dans l’air. Un amas pourri de corps battant ensemble au rythme de la douleur et des discours ». Trois potes des Ends, la cité du nord de Londres, se retrouvent au Square pour jouer au foot. Au lendemain d’un meurtre.... [Lire la suite]
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09 février 2020

« Les portes de Thèbes. Eclats de l’année deux mille quinze » de Mathieu Riboulet

« Il a donc fallu que j’accepte l’ouverture de mon corps. Ce n’est pas le moindre des paradoxes du temps : tout se ferme (les hommes, les regards, les frontières, les esprits), et plus tout se ferme plus il me faut ouvrir, c’est la réponse, je ne sais rien faire d’autre. Écrire c’est ouvrir, bien sûr, je sais cela, mais il suffit d’écrire fermé pour que l’élan se perde. Et des livres fermés, il s’en publie à la pelle. Il faut donc s’attacher à écrire des livres ouverts pour raconter des histoires ouvertes, aérer les... [Lire la suite]
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05 février 2020

« La femme révélée » de Gaëlle Nohant

« … je crois que si Tim redoutait les monstres, c’était parce qu’il pressentait que les plus redoutables vivaient parmi nous. Les monstres n’étaient pas là où la presse orientait notre regard. Ils n’habitaient pas ces faces blêmes et vaincues qui levaient leurs mains menottées pour se protéger de l’éclat des flashes. Ils se carraient dans leur fauteuil, acceptaient un bourbon, complimentaient la cuisinière sur son pain de maïs, fumaient le cigare sous la véranda avant de s’en aller dormir d’un sommeil sans rêves ». Gaëlle... [Lire la suite]
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