« L’enfant céleste » de Maud Simonnot

« Je comprends enfin cette notion enseignée dans un cours de philosophie : l’aventure, plus qu’une interruption du cours des événements ou un voyage vers un ailleurs inconnu et exaltant, est surtout une disposition à être dans le temps ».

Que faire quand on souffre ? On s’évade, on se recentre, on s’ouvre vers d’autres horizons. On découvre et on se redécouvre.

C’est le choix que fait Mary avec son fils Célian. Chacun a sa souffrance. Mary peine à se remettre d’une histoire d’amour. Célian ne trouve pas sa place dans ce monde où règne la norme.

L’épigraphe du roman est de Saint-John Perse : « J’ai rêvé, l’autre soir, d’îles plus vertes que le songe ». Justement, cap sur l’île suédoise de Ven. Un refuge, un écrin. Un lien familial avec l’histoire de l’astronome danois Tycho Brahe et de son observatoire Uraniborg. Le lieu des étoiles, le lieu du sombre, le lieu du songe.

Du songe d’un jour ou d’une nuit d’été, la mère et le fils découvrent les liens entre cet astronome et Shakespeare.

D’autres liens se nouent aussi, de chair et d’os, avec Solveig, le professeur Des Esseintes et Björn. Une sociabilité retrouvée, une amitié, un amour aussi. 

Ce séjour de plusieurs mois est une façon de s’imaginer comme une étoile dans une constellation où tout se relie. Nos vies comme des astres à la fois solitaires mais ancrés dans une cosmogonie. Il faut du temps, de la patience, du rêve et de l’amour pour être soi et libre. Pour panser. Ne pas occulter la part sombre des choses mais laisser entrer la lumière.

L’écriture de Maud Simonnot est sensible, poétique, douce. On se laisse emporter par les courts chapitres, bercer par sa plume qui rend les personnages attachants et magnifie si bien cette histoire où le rêve a toute sa place. L’espoir aussi. Parce que « nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves ».

Une lecture qui illumine en ces temps moroses.

Maud Simonnot – L’enfant céleste – éditions de l’Observatoire – 160p