LES LECTURES DU MOUTON

07 novembre 2020

« Liv Maria » de Julia Kerninon

« Nous avons si souvent l’impression que nos mots ne sont pas à la hauteur de ce que nous voudrions vraiment dire, pensait Liv Maria, que nous oublions que c’est parfois exactement l’inverse qui se produit – que dans la multitude des phrases que nous prononçons, certaines sont plus exactes, plus précises, plus judicieuses que nous ne pouvons le deviner ». Julia Kerninon a l’audace de balader son lecteur dans les méandres de sa folie littéraire. Et, ce qui compte vraiment dans ce roman, ce n’est pas tellement l’histoire... [Lire la suite]
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25 octobre 2020

« Requiem pour une apache » de Gilles Marchand

« Puisqu’on allume les étoiles, c’est qu’elles sont à quelqu’un nécessaires ». Un vers de Maïakovski peint sur un mur par une bande d’éclopés de la vie un peu (beaucoup) alcoolisés. Même pas un slogan, même pas une revendication mais une façon de devenir quand on est rien. « Chuis rin », répète sans cesse Vieux John qui, comme ses camarades de jeu, à leur façon, est un homme en marge de la société. C’est un ouvrier à la retraite qui fabriquait des soupirs et n’avait pas les mots pour se révolter. Joséphine, la... [Lire la suite]
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18 octobre 2020

« L’enfant céleste » de Maud Simonnot

« Je comprends enfin cette notion enseignée dans un cours de philosophie : l’aventure, plus qu’une interruption du cours des événements ou un voyage vers un ailleurs inconnu et exaltant, est surtout une disposition à être dans le temps ». Que faire quand on souffre ? On s’évade, on se recentre, on s’ouvre vers d’autres horizons. On découvre et on se redécouvre. C’est le choix que fait Mary avec son fils Célian. Chacun a sa souffrance. Mary peine à se remettre d’une histoire d’amour. Célian ne trouve pas sa... [Lire la suite]
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11 octobre 2020

« Impossible » d’Erri de Luca

« Impossible c’est la définition d’un événement jusqu’au moment où il se produit. Vous aurez beau mettre tous les zéros que vous voulez, la statistique et vous ne pouvez nier les coïncidences. Elles existent en dépit des zéros ». Un homme âgé part en excursion en montagne. Il talonne un autre homme. Un éboulement. Un corps dans un ravin. L’homme âgé prévient les secours… et se retrouve en garde à vue. L’homme qui est tombé est un ancien camarade de lutte d’une organisation communiste. Pour le magistrat en charge de... [Lire la suite]
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29 septembre 2020

« Permafrost » d’Eva Baltasar

Permafrost : La couche de terre qui reste toujours gelée. (Variante) La femme qui a une carapace pour se protéger du monde qui l’entoure, de ses affects. Ce qui fait la force de ce livre, ce n’est pas l’histoire mais c’est la voix de la narratrice. Une voix que l’on n’a pas l’habitude d’entendre, de lire. Parce que ce n’est pas politiquement correct. Tentations suicidaires, fantasmes, sexe désinhibé, liberté, non-engagement, lesbianisme, famille, maternité. Tout passe sous l’œil aiguisé et acide de cette femme. Le propos... [Lire la suite]
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21 septembre 2020

« Lumière d’été, puis vient la nuit » de Jón Kalman Stefánsson

« Celui qui pleure à un enterrement, pleure également sa propre mort et en même temps celle du monde, parce qu’à la fin, tout meurt et il ne reste rien ». Le livre s’ouvre sur un petit village islandais de quatre cents âmes. Un trou paumé, comme le qualifie Matthias. L’océan à l’ouest, la campagne dans les autres directions. Que peut-on attendre de ce village où la vie est rythmée par la valse des années et des saisons ? « Le temps passe, nous vivons, puis nous mourons ».  Et pourtant, une voix s’élève.... [Lire la suite]
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19 septembre 2020

« Les villes de papier. Une vie d’Emily Dickinson » de Dominique Fortier

« Le monde. Le monde est petit comme une orange. Il est incroyablement compliqué et d’une absolue simplicité. Le monde peut être remplacé, recréé, anéanti par les mots. Il existe de l’autre côté de la fenêtre, ce qui est une autre façon de dire qu’il n’existe pas […] Le monde est noir et la chambre est blanche. Ce sont les poèmes qui l’éclairent ». Comment peut-on faire la biographie d’une poétesse dont la vie a été si discrète, si mystérieuse ? Elle était comme une page blanche. Peut-être en s’attardant sur ce qui a... [Lire la suite]
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10 septembre 2020

« On fait parfois des vagues » d’Arnaud Dudek

« Apprendre son infertilité. L’admettre. Passer à autre chose. Faire le deuil d’une paternité normale. Au royaume des certitudes, comment a réagi mon père ? A-t-il eu l’impression de ne plus être un homme, un vrai ? A-t-il craint, à un moment ou à un autre, de perdre ma mère ? S’est-il senti honteux ? coupable ? […] Je n’ai jamais songé à aborder frontalement ces questions parce que je suis persuadé de ne rien obtenir ; si la certitude est un pays, l’esquive est un empire – et mon père... [Lire la suite]
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06 septembre 2020

« Trencadis » de Caroline Deyns

« … les couleurs sont en réalité des tristesses noires qui se griment en Arlequin pour s’assurer qu’on ne les reconnaisse pas : un désespoir qui voudrait passer incognito ». Trencadis. Mot catalan qui désigne une mosaïque d’éclats de céramique et de verre. Une technique utilisée notamment par Gaudí. Trencadis. Une définition de l’œuvre de Niki de Saint Phalle. Une définition également de sa vie, ce « cheminement bref de la dislocation vers la reconstruction ». Parce que derrière l’œuvre, les frasques,... [Lire la suite]
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02 septembre 2020

« Thésée, sa vie nouvelle » de Camille de Toledo

« Nous ne sommes pas des corps isolés ni des consciences séparées la matière porte une mémoire, une intelligence plus vastes qui nous relient nous sommes un flux continu d’apparition et de disparition traversé de mille désastres ». Trois décès brutaux. Le frère, la mère, le père. Le monde de Camille de Toledo s’effondre en peu de temps. Le choc et ces questions lancinantes en tête : « Qui commet le meurtre d’un homme qui se tue ? » « Et celui qui survit, c’est pour raconter quelle... [Lire la suite]
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26 août 2020

« Le coût de la vie » de Deborah Levy

« La liberté n’est jamais libre. Quiconque s’est battu pour être libre sait ce qu’il en coûte ». Nous avions laissé Deborah Levy à Majorque ; nous la retrouvons des années plus tard, la cinquantaine et un divorce au compteur. Même si une séparation est difficile, nous pouvions espérer que cette nouvelle vie lui permettrait de concilier davantage ses aspirations avec le quotidien. Non. Le Système Sociétal est toujours là et il n’aime pas qu’on tente de lui échapper. Le coût de la vie, c’est le coût de la... [Lire la suite]
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23 août 2020

« Ce que je ne veux pas savoir » de Deborah Levy

« On m’avait conseillé de dire ce que je pensais à voix haute plutôt que dans ma tête, mais j’ai décidé de le faire par écrit ». Premier volet de son autobiographie,  Deborah Levy « répond » au Why I Write de George Orwell. L’ouvrage est d’ailleurs divisé en quatre chapitres qui reprennent les quatre motivations pour écrire selon lui : l’égoïsme pur, l’enthousiasme esthétique, l’inspiration historique et la visée politique. Bien souvent, il faut chercher dans l’enfance et l’adolescence les germes de l’écrivain. ... [Lire la suite]
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16 août 2020

« Pleines de grâce » de Gabriela Cabezón Cámara

« Je me sentais échouée et j’ai cru avoir survécu à un naufrage. Je sais maintenant que personne ne survit à un naufrage. Ceux qui coulent meurent et ceux qui s’en sortent vivent en se noyant » ? « Tout ce qui est né will die ». L’art de jongler sans cesse entre le comique et le tragique. C’est ce qui attend le lecteur en ouvrant Pleines de grâce, roman sous les allures d’un manuscrit qu’écrit la journaliste Qűity pour raconter l’histoire de la villa El Paso, un bidonville de Buenos Aires. Régulièrement,... [Lire la suite]
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11 août 2020

« Requiem pour une ville perdue » d’Asli Erdoğan

« Le Temps est un maître qui semble s’être installé ici après un long voyage, et dans la roche il a creusé des portes que seuls les morts savent ouvrir… » Quand la poésie vient transfigurer la douleur, le désespoir, la solitude, la perte. Requiem pour une ville : Istanbul. Requiem pour les disparus : les êtres, la liberté, l’insouciance. Requiem pour un paradis perdu : le passé d’Asli Erdoğan, avant l’exil. Istanbul, une ville entre deux rives comme l’autrice qui se balance entre les vivants et les morts.... [Lire la suite]
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31 juillet 2020

« Les rêveurs » de Christophe Pellet

« Je saute par-dessus cette frontière bavarde séparant le féminin du masculin. Les victimes des bourreaux, Les filles d’un côté, avec leur révolte et leur colère, les garçons de l’autre, avec leur amertume et leur repli : cela ne peut plus être, Ancien régime sexuel ». Dès le début de la pièce, le quatrième mur est brisé. Par la lumière qui demeure sur le public même une fois le rideau levé. Par les paroles que les personnages lui adressent. Le voile levé, sur les planches et dans la salle, nous oscillons sans... [Lire la suite]
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26 juillet 2020

« Harpo » de Fabio Viscogliosi

Harpo, le muet des Marx Brothers. Celui qui joue de la harpe, qui porte un trench-coat, une perruque et un haut de forme. Le plus clownesque. Le plus burlesque. Fabio Viscogliosi en fait le héros de ce court roman à la fois trépidant et tendre. Que se passe-t-il dans la tête du cher Harpo quand, le 12 décembre 1933, après un voyage en URSS, il ne prend pas son paquebot au Havre pour retourner à New York ? Pourquoi décide-t-il de louer une Citroën Torpédo avec laquelle il a un accident en plein milieu de l’Ardèche ? Le... [Lire la suite]
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17 juillet 2020

« Crève, mon amour » d’Ariana Harwicz

« Ce qui me sauve ce soir et tous les autres n’a rien à avoir avec l’amour de mon homme et mon fils. Ce qui me sauve c’est l’œil doré du cerf encore et toujours posé sur moi ». Dérangé et dérangeant. Sauvage comme ce cerf ensanglanté sur la couverture. Crève, mon amour est l’histoire d’une femme devenue mère depuis peu. Une femme qui ne parvient pas à trouver sa place entre les injonctions sociales liées à sa nouvelle maternité et ses pulsions animales, ses désirs de femme. Elle fuit ces injonctions en se reconnectant à... [Lire la suite]
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05 juillet 2020

« Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants » de Mathias Énard

« Alors tu souffres, perdu dans un crépuscule infini, un pied dans le jour et l’autre dans la nuit ». Un conte au lyrisme envoûtant qui s’ouvre sur la parole d’une jeune femme. La volupté est là, dans un recoin de Constantinople. Ses paroles s’adressent à un homme que le lecteur découvre avec surprise être Michel-Ange. Pourquoi pose-t-il les pieds à Constantinople un jour de mai 1506 ? Une invitation du sultan Bajazet pour un grand projet : la construction d’un pont sur la Corne d’Or. Il reprend le... [Lire la suite]
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28 juin 2020

« Buvard » de Julia Kerninon

« Je suis un enfant parce que c’est le seul mot que je trouve pour dire combien c’est bon d’aimer les choses les plus infimes, et d’en tirer du plaisir sans honte, mais aussi d’être soucieuse, comme les enfants seulement le sont, soucieuse, orageuse, légère ». Lou, un jeune étudiant, est fasciné par l’œuvre de l’écrivaine Caroline N. Spacek. D’une grande précocité, elle a livré des ouvrages à la beauté scandaleuse, à la perfection énigmatique. Sa vie est tout aussi secrète que sulfureuse, au point d’attirer les... [Lire la suite]
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25 juin 2020

« Le jour où le désert est entré dans la ville » de Guka Han

    Où est le désert ? « Il est par là… par là… un peu partout », répond un homme croisé dans la rue à la narratrice de Luoes, la première nouvelle de ce recueil qui en compte huit. Oui, le désert est partout dans les villes et dans les vies. Huit nouvelles et pourtant la sensation qu’elles forment une seule et même entité. La ville est le point d’ancrage. Elle est le décor froid, implacable des différentes histoires qui révèlent la dureté de nos sociétés où l’on ne communique plus ou mal, où aimer est... [Lire la suite]
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