23 août 2018

« K.O. » d’Hector Mathis

« Il était normal à une époque sans génie qu’on ne fasse que constater celui des siècles passés. Elle était si pauvre, notre époque. Elle mettait en relief toutes les autres ». Un style, une langue, une musicalité, une façon de raconter une histoire et une réalité. C’est en résumé ce qui attend le lecteur en ouvrant le premier roman d’Hector Mathis. Roman de fulgurance, brutal tout en étant poétique. J’ai eu l’impression qu’il a été écrit d’une traite comme ma lecture, animé par un sentiment d’urgence, de rage peut-être. Une... [Lire la suite]
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27 mai 2018

« Des histoires pour cent ans » de Grégory Nicolas

« Pierre imaginait les Boches comme des fantômes, ou des vampires, ou les loups des histoires. Est-ce qu’ils pourraient le manger ? ça lui faisait peur. Pierre a interrogé Julien, son grand frère, pour savoir s’il allait partir à la guerre, et Julien a dit qu’à seize ans il était bien trop jeune. Pierre a demandé pour leur papa. Ça son grand frère n’en savait rien. Mais pour se rassurer Pierre il a dit que leur père avait fait son devoir en 14 et qu’il y en aurait d’autres à y aller avant lui ». « Marc grogne.... [Lire la suite]
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14 mai 2018

« Un océan, deux mers, trois continents » de Wilfried N’Sondé

« Seul dans ma cabine, je me sentis lâche. Anéanti, je suffoquai sous les hoquets répétés de mes propres sanglots et étouffai mes cris. Les larmes de dépit se transformèrent en une sorte de rage, un sentiment nouveau, l’envie de riposter, que la colère contenue dans ma gorge rejoigne un jour la fureur des hurlements des esclaves, et que l’écho de nos cris conjugués résonne si fort qu’il effraie les bourreaux ». Dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome se trouve un buste en marbre appelé Nigrita. Ce buste représente... [Lire la suite]
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11 mai 2018

« Paris-Venise » de Florent Oiseau

« J’ai filé un verre de mousseux au gars, qui s’est trouvé très fier d’avoir le droit à un privilège réservé à la première classe. Il tournoyait dans le wagon avec son verre bien haut, bien visible des autres. Il m’a même semblé le voir prendre un selfie avec ses trois centilitres de mousseux gratos. Ça aussi, c’est très français. On crache sur l’argent et les avantages de ceux qui en ont, on s’invente des idéaux pour justifier notre frustration de pauvre, mais quand on goûte, l’espace d’une seconde, aux trucs réservés aux... [Lire la suite]
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02 mai 2018

« Faire mouche » de Vincent Almendros

« Malgré la chaleur, je ne baissai pas la vitre. J’adressai à ma cousine un dernier signe de la main et tournai la clé pour allumer le moteur. Je sentis sur mon visage le souffle de la climatisation. Je regardai vers l’arrière pour manœuvrer. Après avoir reculé, je fis un demi-tour et redescendis en direction du chemin cahoteux, guettant, dans le rétroviseur central, la silhouette de ma cousine qui regardait la voiture s’éloigner, immobile, les bras croisés dans une posture de reproche. J’aurais aimé lui conseiller de tourner... [Lire la suite]
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29 avril 2018

« Manger l’autre » d’Ananda Devi

« Car mon poids n’a pas eu raison de mon intelligence ni de mon acuité d’esprit. Je ne suis pas devenue une larve avachie et amorphe, vautrée dans ses exsudations. Je suis restée curieuse et avide de savoir, heureuse que mon cerveau ne soit pas assujetti à la gravité et me permette des voyages et des découvertes hors du plomb de mon corps, fière de savoir que ma matière grise parvient à absorber les connaissances avec autant d’aisance. Mince, j’aurais traversé les années scolaires avec brio, dépassé tous mes concurrents, rejoint une... [Lire la suite]
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23 avril 2018

« Le petit terroriste » d’Omar Youssef Souleimane

« J’ai effectué les sept tours. Le sol restait frais grâce à un système de refroidissement situé en dessous, permettant aux pèlerins de marcher pieds nus. Les hommes en blanc gravitent autour du cube noir ; la plupart des femmes, en noir, la contournent à l’écart pour éviter toute promiscuité. Cela m’a fait penser à un jeu de cache-cache de mon enfance. Sauf qu’ici personne ne voulait attraper personne. On payait cher pour ces circonvolutions, alors que nous aurions pu faire la même chose autour de n’importe quel... [Lire la suite]
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21 avril 2018

« Assommons les poètes » de Sophie G. Lucas

« L’autre voulait m’arracher un assentiment, l’autre voulait ma peau une fois encore, comme à chaque rendez-vous, il prendrait un morceau de moi et l’accrocherait à côté de ses autres trophées, hommes et femmes tendus dans des dossiers suspendus. La poésie sortait de ma bouche, la poésie me débordait des mains, la poésie m’avait prise pour maison, mais il me demandait de remplir un chariot de courses chaque semaine et de faire partie du grand cirque, hummpf ». Assommons les poètes ! Comment ne pas y voir un... [Lire la suite]
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19 avril 2018

« Un jeune homme en colère » de Salim Bachi

« L’amour dont parle papa pour se dédouaner d’être un malade du cul, je n’y ai jamais cru, c’est du pipeau. L’amour est le carburant des hypocrites qui n’ont pour horizon que la satisfaction de leurs instincts. Je ne suis pas sentimental. J’aurais pu, à mon âge, mais non. Le verbe aimer est une escroquerie syntaxique. Comme Dieu. C’est le genre de mot qui peut tout contenir et ne renferme rien. Une table, on voit très bien ce que c’est. Mais l’amour dont tout le monde se gargarise ? Quel est le foutu con qui pourra me dire... [Lire la suite]
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17 avril 2018

« La ballade silencieuse de Jackson C. Frank » de Thomas Giraud

« Une fois Blues Run The Game chanté, il n’a rien relevé, pas de surprises, pas de critiques mais pas non plus d’encouragements ou d’applaudissements plus notables que pour une reprise de Seeger. Une impression certainement de continuité, comme si personne n’avait entendu la nouveauté, comme si tout le monde avait entendu ce qu’il y avait à entendre, l’absence de nouveauté. C’était dans une indifférence discrète ou en tout cas avec le même plaisir que s’il chantait un autre – ce qui, au fond, n’est pas si mauvais signe – qu’il... [Lire la suite]
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