Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LES LECTURES DU MOUTON
11 août 2015

« Le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel

51gcXs5APzL

L'auteur : Né en 1962 dans une famille d'ouvriers, Philippe Claudel a passé une agrégation de français. Il a choisi d'enseigner le français à la maison d'arrêt de Nancy et dans un centre pour enfants handicapés, en sus d'un poste de maître de conférence à l'université Nancy II. Il donne aussi des cours à l'institut européen du cinéma et de l'audiovisuel.

Enseignant et écrivain (premier roman paru en 1999), il est aussi réalisateur (Il y a longtemps que je t'aime en 2008) et directeur d'éditions (depuis 2004, il dirige la collection écrivain chez Stock).

Son deuxième film,
Tous les soleils sort avec succès en 2011.

Il a reçu le prix Marcel Pagnol en 2000 pour Quelques uns des cents regrets, le prix Renaudot (2003) pour Les âmes grises, le prix Goncourt des lycéens (2007), le Prix des libraires du Québec (2008) et le Prix des lecteurs du Livre de poche(2009) pour Le rapport de Brodeck

Il intègre l'Académie Goncourt le 11 janvier 2012 au couvert de Jorge Semprún.
 

Quatrième de couverture :

Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache.

Moi ne n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer.

Mais les autres m'ont forcé: "Toi, tu sais écrire, m'ont-ils dit, tu as fait des études". J'ai répondu que c'étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d'ailleurs, et qui ne m'ont pas laissé un grand souvenir. Ils n'ont rien voulu savoir: "Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses.

Ça suffira. Nous on ne sait pas faire cela. On s'embrouillerait, mais toi, tu diras, et alors ils te croiront".

Mon avis :

À la fin d'une guerre (qui se veut être le pendant de la Seconde Guerre mondiale), dans un pays imaginaire (le pendant de l'Allemagne), Brodeck, rescapé des camps, se retrouve à accepter de rédiger un rapport sur la mort de l'Anderer, l'étranger qui était venu s'installer au village. Très rapidement, le village le suspecte de ne pas chercher à cacher la vérité dans le rapport, à savoir l'assassinat de l'Anderer par les villageois. Il se retrouve ainsi en danger mais peut-il vraiment cacher la vérité malgré les menaces ?

Le récit de Brodeck alterne les époques entre l'évocation de l'arrivée de l'Anderer, les récits de sa vie au camp, la rédaction du rapport ou encore la collaboration du village pendant la guerre.

Ce livre magnifique peint la cruauté, la lâcheté, la laideur des hommes et surtout la honte, celle qu'il faut absolument cachée quelque soit le prix, quitte à la faire payer aux autres.

Au-delà d'un texte sublime, avec des passages magnifiques et troublants comme le récit des camps, Philippe Claudel livre un travail quasi-sociologique de ce village : comment le collectif annihile l'individu et fait faire à ce dernier des choses innommables ?

J'avais déjà eu l'occasion de le lire il y a un peu plus de trois ans et c'est avec grand plaisir que j'ai replongé dedans... je parie une 3e lecture dans quelques années...



Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité