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LES LECTURES DU MOUTON
23 août 2020

« Ce que je ne veux pas savoir » de Deborah Levy

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« On m’avait conseillé de dire ce que je pensais à voix haute plutôt que dans ma tête, mais j’ai décidé de le faire par écrit ».

Premier volet de son autobiographie,  Deborah Levy « répond » au Why I Write de George Orwell. L’ouvrage est d’ailleurs divisé en quatre chapitres qui reprennent les quatre motivations pour écrire selon lui : l’égoïsme pur, l’enthousiasme esthétique, l’inspiration historique et la visée politique. Bien souvent, il faut chercher dans l’enfance et l’adolescence les germes de l’écrivain.

Un voyage à Majorque est l’occasion pour l’autrice de faire le point sur le statut des femmes et de constater que celles-ci, les mères notamment, restent des prisonnières : « nous ne comprenions pas encore que la Mère telle qu’elle était imaginée et politisée par le Système Sociétal était une illusion ». Les femmes se briment également toutes seules et entre elles. Pourtant, Deborah a toujours en tête les propos d’une actrice polonaise : « Parler haut, ce n’est pas parler plus fort, c’est se sentir autorisé à énoncer un désir. On hésite toujours, quand on désire quelque chose ».

L’enfance à Johannesburg est aussi un élément-clé dans le parcours de l’autrice. Son père, militant de l’ANC, est fait prisonnier pendant plusieurs années. Elle est rapidement envoyée chez des amis de ses parents à Durban où elle rencontre leur fille Melissa qui lui dit : « les filles doivent parler haut puisque personne ne les écoute de toute façon ». Une volonté d'être libre, d'être audible naît doucement chez Deborah.

L’adolescence se fait en Angleterre, le pays de l’Exil, où elle écrit sur des serviettes en papier dans les greasy spoons. L’impression d’être à part et cette phrase d’Andy Warhol qu’elle fait sienne : « Je ne peux pas être morcelé, parce que je n’ai jamais été d’un seul tenant ». L'exil comme moteur.

A travers ces trois lieux et ces trois moments de vie, Deborah Levy livre les multiples causes liées au parcours personnel qui amènent à l’écriture. Deborah Levy ne cherche cependant pas tellement à savoir ce qui l’a concrètement motivée dans son parcours. Après tout, il y a toujours une part de mystère. Elle montre aussi en quoi des souvenirs peuvent se cacher et refaire surface dans des projets d'écriture plusieurs années après. Un livre passionnant et féministe qui convoque de nombreuses écrivaines : V. Woolf, M. Duras, S de Beauvoir et G. Sand.

Deborah Levy – Ce que je ne veux pas savoir – éditions du sous-sol – 140p (traduction de Céline Leroy)

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