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LES LECTURES DU MOUTON
26 août 2020

« Le coût de la vie » de Deborah Levy

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« La liberté n’est jamais libre. Quiconque s’est battu pour être libre sait ce qu’il en coûte ».

Nous avions laissé Deborah Levy à Majorque ; nous la retrouvons des années plus tard, la cinquantaine et un divorce au compteur. Même si une séparation est difficile, nous pouvions espérer que cette nouvelle vie lui permettrait de concilier davantage ses aspirations avec le quotidien. Non. Le Système Sociétal est toujours là et il n’aime pas qu’on tente de lui échapper.

Le coût de la vie, c’est le coût de la liberté. Enchaîner les jobs alimentaires pour payer un appartement vétuste, gérer les enfants devenus grands mais pas encore indépendants, les imprévus et les travaux. Et c’est tenter dans tout cela d’écrire.

C’est l’histoire de Deborah Levy mais ça pourrait être l’histoire de n’importe quelle femme en quête de temps et d’espace. Virginia Woolf n’est pas loin même s’il est beaucoup question de Simone de Beauvoir.

Ce second volet permet de parler du comportement des hommes. Ceux qui monopolisent la parole. Ceux qui ne regardent pas les femmes ou alors avec mépris. Ou encore ceux qui ne les nomment jamais. L’autrice brosse des portraits peu reluisants de certains hommes nourris au patriarcat. La scène inaugurale avec le "Bel Argenté" est assez représentative.

Elle parle aussi du comportement des femmes. Celles qui enfoncent leurs semblables, comme la voisine Jean qui l’emmerde avec son vélo électrique. Celles qui sont des alliées, à l’image de Celia qui lui prête un « lieu à soi », un cabanon pour écrire. Celles qui doutent, comme son étudiante.

Deborah Levy critique ce que l’on met derrière la féminité, notion qui aliène souvent les femmes : « Le fantôme de la féminité est une illusion, un mirage, une hallucination collective. C’est un personnage retors à jouer et un rôle […] qui a rendu certaines femmes folles ».

Et puis, il y a la mort de la mère après un long séjour à l’hôpital. La perte du personnage principal féminin de sa vie, la perte des repères, la perte du lien à l’Afrique et à l’Angleterre.

Deborah Levy fait l’inventaire de sa vie sans cesse en lutte, comme beaucoup. Cependant, elle ne faiblit pas, ne lâche rien. Oui, la vie a un coût mais il faut tout faire pour ne pas la payer au prix fort.

Deborah Levy – Le coût de la vie – éditions du sous-sol – 160p (traduction de Céline Leroy)

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