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LES LECTURES DU MOUTON
10 juin 2019

« King Kong Théorie » de Virginie Despentes

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« … je suis verte de rage qu’en tant que fille qui intéresse peu les hommes, on cherche sans cesse à me faire savoir que je ne devrais même pas être là ».

J’ai lu cet essai de Virginie Despentes datant de 2006 d’une traite, happée par cette langue crue et par ses propos que j’ai ressentis de façon violente mais qui sont portés par une vérité dérangeante.

Les hommes ont peur, dit Virginie Despentes, des féministes qui n’auraient qu’une volonté : les déviriliser. « C’est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n’y met pas assez du sien… » répond-elle.

Sur 150 pages, elle dresse le portrait de notre société formatée pour les hommes, où les stéréotypes sont si bien ancrés que même les femmes les intègrent.

À partir du viol qu’elle a vécu à 17 ans, elle explique la parole de la femme que l’on met toujours en doute et la façon dont les violeurs s’arrangent avec leur conscience : elles les ont allumés, elles n’ont pas crié, elles étaient habillées comme des putes. Parce que certains hommes semblent avoir des difficultés congénitales à contenir les débordements de leur caleçon, on cadenasse les filles. Ne faites pas ceci, ne sortez pas, ne vous habillez pas comme ça. On veut les changer alors que c’est le regard sur elles qui doit changer.

Ancienne prostituée, elle estime que la lutte contre la prostitution n’est pas un combat pour la femme et sa sécurité mais une volonté de la contrôler une fois de plus. L’accent est mis sur la victimisation de ces « pauvres filles » tout en faisant en sorte de rendre la pratique moins décente, plus dangereuse. La société ne supporte pas, selon elle, qu’une femme puisse choisir librement cette pratique et se faire payer pour ça, loin des normes et de la cellule familiale.

Elle fustige aussi le discours sur la pornographie. Beaucoup estiment qu’elle avilit la femme mais ne font rien contre le harcèlement des hardeuses et une industrie qui ne représente que les fantasmes masculins.

Le discours est radical et on peut ne pas partager ses idées, il n’empêche que les propos sont mûrement réfléchis, sincères et d’une grande pertinence. 

Virginie Despentes – King Kong Théorie – Le livre de poche – 150p

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