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LES LECTURES DU MOUTON
27 février 2019

« La plus précieuse des marchandises » de Jean-Claude Grumberg

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Le conte. Plus grand monde ne se risque aujourd’hui à écrire un conte. Certains se moquent même de ces histoires comme Le Petit Poucet. Jean-Claude Grumberg annonce dès le début : « Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule ». Oui mais le conte a pour vocation la transmission et pour l’histoire qui arrive, je vous assure, ça ne peut pas faire de mal...

Pauvre bûcheronne vit en forêt avec pauvre bûcheron. C’est la guerre. Pauvre bûcheron est réquisitionné pour des travaux d’intérêt général. Sa femme doit trouver de quoi nourrir son foyer. Si au moins elle avait un enfant pour égayer sa vie mais Dieu n’a pas voulu.
Pendant sa quête, elle voit des trains passer. Ils vont et viennent, poursuivre leur chemin. Serpentins. Pauvre bûcheronne aimerait que des marchandises descendent de ces trains. Des vivres. Mais elle ne sait pas...
En parallèle, un couple et ses petits jumeaux quittent Drancy au bord d’un de ces trains. Petit train, où t'en vas-tu? Mais que fais-tu? Le père finit par comprendre. Alors que leur train s’immobilise, en fermant les yeux pour ne pas choisir, il prend l’un des jumeaux, l’enveloppe dans un châle de prière et le passe par la lucarne du wagon où une femme le récupère. Vous avez deviné qui est cette femme. Seulement voilà, pauvre bûcheron comprend que ce bébé est de la race des sans-cœurs...

Oui, Jean-Claude Grumberg a choisi le conte pour évoquer la Shoah parce que c’est une forme qui permet la diffusion, qui permet aussi de faire œuvre de mémoire.
Mémoire individuelle, familiale puisque le père de l’auteur a lui-même été déporté.
Mémoire collective parce que dans notre monde qui oublie vite et qui retrouve ses démons à une rapidité effrayante, on se dit qu’il est toujours bon d’utiliser tous les moyens possibles pour éviter à nouveau le chaos. Je veux croire que l’humanité qui règne dans ce petit livre est toujours vivante. Je veux croire que notre plus précieuse marchandise est l’amour et que l’indicible ne reviendra pas. Un livre à mettre entre toutes les mains et notamment celles des plus jeunes.

(Cette chronique emprunte des passages au « Petit train » des Rita Mitsouko).

Jean-Claude Grumberg - La plus précieuse des marchandises - Seuil - 128 pages

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