Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LES LECTURES DU MOUTON
27 décembre 2018

« La fille hérisson » de Jonas T. Bengtsson

IMG-4635

« Suz affûte ses couteaux. Elle les adore. Elle les sort souvent pour les observer. Ce sont des armes qui ne demandent qu’à pénétrer les chairs, trancher, découper, tuer. Des outils avec un but précis. Elle ressent toujours une sensation de puissance quand elle les regarde. Les couteaux rallongent ses bras, ils contredisent son poids et sa taille ».

Suz a dix-neuf ans et vit dans une tour de la banlieue de Copenhague. Suz n’a pas de rêves de petite fille même si elle a conservé le physique d’une gamine de douze ans. Nul chevalier ou prince charmant ne viendra la délivrer de son donjon de béton. Non, Suz a un projet bien plus terre à terre : survivre. Vivre, elle ne connaît pas ; elle a été plongée très tôt dans un monde de violence. Son frère est dans le coma et son père est en taule pour avoir buté sa femme. Suz vit de combines, de vols, de deals. La police la connaît mais ne lui prend pas trop la tête ; ils savent que c’est une survivante. D’ailleurs, le charmant père s’apprête à sortir de sa prison. Suz se prépare à cette échéance. Mentalement, physiquement. Elle s’impose une « discipline de vie » faite de tests et de luttes. Elle se prépare à la vengeance.

Ne vous fiez pas à ce titre presque mignon et à cette couverture soft, la noirceur est la marque de fabrique de ce roman. Nous suivons le quotidien morne, sans espoir de cette jeune femme qui ne fait confiance qu’à son instinct. Tout le roman est centré sur sa personne, sur son combat. Le style est simple, direct. L’auteur va droit au but et sait nous plonger dans une atmosphère pesante, sale. Pourtant, pas de surenchère dans le glauque, le violent. Pas besoin. La psychologie de Suz suffit à nous faire prendre conscience de la gravité de sa situation, du caractère violent et misérable de cette société danoise.

On compare Suz à une sorte de Lisbeth Salander. S’il est vrai que plusieurs éléments permettent ce rapprochement, leurs caractères diffèrent grandement. Là où Lisbeth Salander est hypermnésique, d’une lucidité et d’une intelligence hors norme, Suz n’a rien d’autre que son courage pour s’en sortir.

Un roman noir coup de poing.

Jonas T. Bengtsson – La fille hérisson – Denoël – 175p

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité