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LES LECTURES DU MOUTON
6 mai 2020

« Médée Kali suivi de Sodome, ma douce » de Laurent Gaudé

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Deux pièces de théâtre sur des mythes revisités. Deux histoires de femmes. Deux histoires de vengeance. Deux monologues (+ les voix des enfants dans Médée Kali). Les réunir dans un même ouvrage tombait sous le sens.

« Ce que j’aurais fait pour toi,

Pour être à un homme comme toi

Et pouvoir, la nuit, dans ta couche, caresser tes lèvres.

Je suis belle.

Je suis Médée Kali ».

Médée revient sur le lieu de sépulture de ses enfants qu’elle a assassinés. Elle veut récupérer leurs corps pour les soustraire à leur père Jason et les brûler. Ne plus laisser aucune trace de sa vie d’avant. Traquée par Persée, elle lui adresse un long monologue empreint de force, de rage, de sensualité et de poésie. Une femme blessée qui a retourné la trahison qu’on lui a faite, contre Jason, contre ses enfants. Une vengeance qu’elle veut parachever pour être en paix et libre, dans l’amour comme dans la mort.

Laurent Gaudé ne fait pas que revisiter le mythe de Médée, il lui donne un nouveau souffle en le mélangeant avec la Gorgone Méduse qui pétrifie les hommes et Kali, la déesse hindoue de la destruction pleine de sensualité.

__________________________________

« Je suis là,

Parmi vous.

Je suis la dernière fille de Sodome.

Vous m’avez oubliée depuis longtemps.

Je souris.

Écoutez,

Écoutez, la pluie tombe

Et je reviens à la vie ».

Sodome, la cité des péchés, des plaisirs, de la volupté tout comme sa jumelle Gomorrhe qui brûle. La cité voisine en flammes, Sodome se prépare au combat mais rien ne vient. Un ambassadeur se présente pour négocier. Vérolé, il contamine toute la population : la cité est décimée. La dernière survivante est enterrée vivante. Devenue statue de sel, elle attend des siècles que la pluie vienne la délivrer pour accomplir sa vengeance.

Laurent Gaudé s’inspire et transforme l’histoire de Sodome et Gomorrhe pour en faire l’histoire d’une femme trahie dans son hospitalité, violentée et vouée à se venger des hommes.

Laurent Gaudé – Médée Kali suivi de Sodome, ma douce – Actes Sud-Babel – 95p

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