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LES LECTURES DU MOUTON
19 décembre 2019

« Croire aux fauves » de Nastassja Martin

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« À mesure qu’il s’éloigne et que je rentre en moi-même nous nous ressaisissons de nous-mêmes. Lui sans moi, moi sans lui, arriver à survivre malgré ce qui a été perdu dans le corps de l’autre ; arriver à vivre avec qui y a été déposé ».

« Je dis qu’il y a quelque chose d’invisible, qui pousse nos vies vers l’inattendu ».

Dans notre monde connecté, soumis à la pression, aux rythmes pendulaires et à la pollution urbaine, nous oublions bien souvent qu’au-delà de notre humanité, nous sommes en tout premier lieu des animaux. Des animaux qui ont su soumettre la nature à leur guise. Nastassja Martin fuit cet univers qui ne lui convient pas. Anthropologue, elle fait de nombreux séjours dans des contrées reculées où l’Homme se fait rare et plus proche de son environnement.

En 2015, Nastassja séjourne dans le Kamtchatka, une région de l’Extrême-Orient russe où elle vit en compagnie des Évènes, un peuple indigène animiste. Lors d’une expédition, elle se retrouve nez à nez avec un ours qui lui arrache une partie de sa mâchoire. Cet accident qui a failli lui coûter la vie va être celui d’une renaissance, ou plutôt d’une métamorphose. Elle effectue un long séjour en France pour réparer sa mâchoire qui devient « le théâtre d’une guerre hospitalière franco-russe » puis d'une guerre Paris-Province. Nastassja n’est plus un humain, même pas un animal mais une machine qu’on tente de rafistoler avec des plaques et boulons. L’appel de la nature finit par être le plus fort ; elle retourne en Russie où elle apprend à accepter ce nouveau visage marqué, à accepter cette métamorphose en miedkha, moitié-femme, moitié-ours. De son expérience singulière, avec beaucoup de finesse et de poésie, elle renoue avec l'animalité qu’il y a en chacun de nous. Elle nous tisse les fils qui relient la nature à nous-même, en harmonie. Si l’animisme est fortement présent dans cet ouvrage, il n’est nul besoin d’adhérer à cette croyance et, ce n'est pas le but de l'autrice de toute façon. Finalement, croire aux fauves, c’est tout simplement croire en nous.

Nastassja Martin – Croire aux fauves – Verticales – 150p

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Commentaires
Z
Un texte qui a tout pour me plaire. Je dois avoir déjà 4 titres commandés chez mon libraire et qui m'attendent. Je vais essayer de ne pas oublier ce titre pour un prochain achat
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