« La chute des comètes et des cosmonautes » de Marina Skalova

« FILLE. Le communisme a échoué, le capitalisme a échoué…

PÈRE. L’amour a échoué.

FILLE. La famille a échoué ».

Une jeune astrophysicienne et son père prennent la route ensemble pour un Berlin-Moscou. Chacun a ses raisons pour se rendre dans la capitale russe, des raisons plutôt vagues d’ailleurs. Pendant trois jours, nous suivons leur périple dans ce huis-clos qu’est la voiture.

Le père et la fille ne sont pas très proches ; la communication est difficile, parfois un peu violente, pleine de non-dits et de phrases, reproches, jetés au visage, l’air de rien. Pourtant, au-delà du lien filial, ils sont unis par ce même sentiment de solitude, de désenchantement d’un monde dont ils avaient une vision particulière. Le père a fui l’URSS à l’ouverture des frontières, pour donner une meilleure vie à sa fille. Mais, elle, la fille, voit le monde actuel dans lequel elle évolue comme un leurre de liberté. Communisme et capitalisme dans le même bateau des désillusions et amertumes. Et puis, il y a l’amour, la difficulté d’aimer dans un monde où règnent les réseaux sociaux mais où l’on joue en solo. L’individu, l’individualité, l’individualisme.

J’ai été assez surprise par cette pièce qui mélange les genres et les formes. Les échanges entre le père et la fille sont accompagnés de monologues, de réflexions intérieures dans une langue beaucoup plus libre et poétique. Cette variation permet à Marina Skalova de creuser la psychologie de ses personnages. Je me demande comment un metteur en scène parvient à monter une pièce d’une telle richesse et diversité. Enfin, j’ai retrouvé dans ce texte au titre si beau cette même cadence et vitalité que j’avais pu observer dans Exploration du flux. Cet aspect est renforcé par les didascalies et les chansons proposées à l’écoute.

Une jeune autrice dont on n’a pas fini d’entendre parler.

Marina Skalova – La chute des comètes et des cosmonautes – L’Arche Éditeur – 95p