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LES LECTURES DU MOUTON
24 novembre 2019

« Le bleu du lac » de Jean Mattern

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« ... si seulement je croyais à l’existence du péché et à la possibilité d’effacer mes fautes par un tour de passe-passe avec le bon Dieu, si seulement j’espérais encore obtenir les jours de l’absolution et les vertus du pardon, mais je connais le poids de mes actes, je le connais au gramme près, et à ce jour je n’ai trouvé aucun moyen de m’en délester, peut-être parce que l’addition de nos fautes fait aussi le prix d’une vie... »

Viviane se rend à l’enterrement de James. Elle va, pendant la cérémonie, interpréter au piano Brahms en son hommage. James a été jusqu’à son décès, et depuis de nombreuses années, son amant. Dans le trajet en métro qui la mène à l’église, elle se remémore toute cette vie auprès de cet homme qu’elle a profondément aimé, désiré tout en continuant sa vie auprès de son mari Sebastian.

Nous suivons le flot des pensées de Viviane tout le long du roman. La force du désir qui submerge tout, la joie de retrouver James après chaque séparation, la double vie que l’on mène comme on peut, la culpabilité. Il y a aussi ce sentiment profond d’avoir vraiment aimé deux hommes, différemment et peut-être pas de la bonne façon, mais c’était là, comme une évidence. Et puis, vient l’inconnu de l’après. Comment vivre l’absence de l’être aimé ? Comment la vivre sans une épaule sur laquelle se poser, dans cette solitude qu’impose la clandestinité d’un amour ?

J’ai lu ce roman d’une traite un samedi matin lors d’un trajet pour Rennes et j’en suis ressortie à la fois émerveillée et troublée par sa beauté et sa sensibilité. Jean Mattern sait parfaitement se glisser dans la peau de son personnage féminin pour exprimer la force des désirs qui animent les êtres, la douleur et la jouissance que l’on peut en tirer, cette impression qu’on ne peut pas être compris par les autres, cette idée qu’on ne peut pas être dans le mal quand on aime.

En très peu de pages, Jean Mattern nous livre l’essentiel des liens complexes qui unissent les êtres avec beaucoup de justesse et de lucidité. La fin, inattendue, est sublime et symbolique. 

Jean Mattern – Le bleu du lac – Points – 80p

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Commentaires
Z
Je ne me serais pas arrêtée à ce livre si je l'avais rencontré, mais ton commentaire me fait changer d'idée
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