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LES LECTURES DU MOUTON
25 janvier 2019

« Mon sang à l’étude » de Joachim Schnerf

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« Parce qu’il le faut ; je m’appelle Samuel. J’ai vingt-six ans, aucun trait. J’avancerai d’un pas ferme et la brise caressera mon crâne. Je connais déjà le chemin par cœur, c’était il y a cinq jours. L’aiguille a pénétré mon bras, lentement, d’une absurde délicatesse. La peau se plisse jusqu’à la défloraison. Et l’on accepte sans se plaindre. La pénétration est glaciale et enfin tout se relâche, la vie gicle. Les tubes se remplissent un à un ».

Samuel a vingt-six ans, la vie devant lui mais une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Il s’est rendu dans un centre de dépistage. A-t-il le VIH ? Comment vivre l’attente ?

Nous suivons Samuel pendant les trois jours qui précédent l’annonce du résultat. L’angoisse est palpable, les questionnements omniprésents. Le VIH s’immisce sans cesse dans ses pensées. Il pense à la façon de l’annoncer à ses proches dans un monde où les réseaux sociaux peuvent apporter du réconfort ou condamner. Il multiplie les recherches sur le virus, son origine. Il se met à délirer sur Gaëtan Dugas qui a longtemps été considéré comme le « patient zéro ». Il fait l’historique d’un mal qui peut-être n’attendait que ça de le contaminer. Comment ne pas devenir fou ?

Mais, surtout, comment continuer à aimer dans le silence, dans le secret ? Samuel vient de rencontrer Lena. C’est le début d’une relation forte, intense, faite de sexe à profusion, de fièvre. Comment se comporter quand on sait que l’on fait prendre un risque à sa partenaire ?

Si vous avez déjà lu Cette nuit, vous serez étonnés par la différence de style de ce premier roman de Joachim Schnerf. L’écriture est vive, directe. La question de la prévention et de la protection est abordée sans tabou. La génération de Samuel est celle de l’après. Les générations précédentes ont vécu dans l’angoisse de cette maladie inconnue ; Samuel est né en 1988, le SIDA était déjà présent, il est resté une menace mais lointaine, que l’on finit presque par oublier jusqu'au jour où. Le désir, la passion amoureuse, l’acte sexuel sont peints avec une très grande sensualité, là encore sans filtre. Tout sonne juste parce qu’il n’y a pas de périphrases, de non-dits.

Un court roman fort que je vous conseille de lire.

Joachim Schnerf – Mon sang à l’étude – éditions de l’Olivier – 90p

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