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LES LECTURES DU MOUTON
12 septembre 2017

« Je me promets d’éclatantes revanches » de Valentine Goby

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« Charlotte Delbo est revenue pour écrire. Par inadvertance peut-être, par surprise, écrire lui a permis de revenir ».

Il est des rencontres dans la vie qui nous changent. Valentine Goby ne se doutait pas que son chemin allait croiser celui de Charlotte Delbo et qu’elle en serait marquée. Comme souvent pour toute rencontre, elle se fait par hasard et par un intermédiaire. Valentine découvre Charlotte grâce à une ancienne résistante et déportée, Marie-José Chombart de Lauwe, au moment où elle s’apprête à écrire Kinderzimmer, son roman sur la pouponnière de Ravensbrück. Elle ne savait rien d’elle : « Je partageais l’ignorance commune qui a longtemps tenu dans l’ombre la femme et l’œuvre, comme tant d’œuvres de femmes ». Elle finit par lire les œuvres de Charlotte puis par écouter sa voix grâce à la magie d’internet. Elle se plonge dans l’histoire de cette femme mais surtout dans son œuvre, son écriture. Le constat est criant pour Valentine : la femme Charlotte est devenue l’écrivain Delbo parce qu’elle a vécu l’horreur : « Je crois que l’écrivaine Charlotte Delbo doit tout à Auschwitz, la naissance de sa vocation comme les contours de son territoire littéraire ». Et en devenant écrivain, elle a réussi à se délivrer de son histoire. Ainsi, Valentine Goby offre un livre sur l’acte d’écrire, le processus de création dans un contexte personnel et historique fort : écrire pour raconter l’indicible et pouvoir s’en libérer.

L’ouvrage est composé de deux parties. Dans la première – Lire et entrer à Auschwitz – Valentine Goby cherche à évoquer la puissance de la langue, celle qui permet d’être saisie, de ne pas lire un témoignage mais un récit qui « quitte sur-le-champ la bibliothèque » pour entrer dans les camps. Grâce à une écriture sensorielle, Charlotte Delbo embarque son lecteur dans cet univers d’horreur.

Dans la seconde partie – Écrire et quitter Auschwitz – Valentine Goby revient sur ce qui a forgé ce besoin d’écrire de Charlotte et sur ce sentiment de ne plus être prisonnière de ce passé grâce à cet acte d’écriture. Valentine insiste sur la voix enjouée de Charlotte, son attitude qui contrastent avec son vécu : « J’ai le sentiment que celle qui était au camp, ce n’est pas moi ». Charlotte Delbo s’est reconstruite grâce à son écriture.

J’ai vraiment été passionnée par ce récit de Valentine sur Charlotte qu’on commence seulement à (re)découvrir depuis trois/quatre ans. On sent que la personne et les écrits l’ont profondément touchée. Elle donne envie de se pencher sur son œuvre malheureusement encore trop souvent inaccessible à tous (elle insiste sur le fait qu’il n’existe toujours pas à l’heure actuelle d’éditions en poche de ses écrits). Un bien beau récit et hommage que je ne peux que vous recommander de lire.

Valentine Goby – Je me promets d’éclatantes revanches – L’Iconoclaste – 175p

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Commentaires
S
je ne lis que de belles critiques sur ce livre. Et qui fait redécouvrir ce personnage de Charlotte Delbo toujours trop méconnue
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L
Oh oui un livre à mettre entre toutes les mains pour découvrir ou redécouvrir Charlotte Delbo et pour la plume sensible de Valentine Goby.
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