« Le petit terroriste » d’Omar Youssef Souleimane
« J’ai effectué les sept tours. Le sol restait frais grâce à un système de refroidissement situé en dessous, permettant aux pèlerins de marcher pieds nus.
Les hommes en blanc gravitent autour du cube noir ; la plupart des femmes, en noir, la contournent à l’écart pour éviter toute promiscuité. Cela m’a fait penser à un jeu de cache-cache de mon enfance. Sauf qu’ici personne ne voulait attraper personne.
On payait cher pour ces circonvolutions, alors que nous aurions pu faire la même chose autour de n’importe quel bâtiment dans une ville quelconque. Quelle est la différence ? Allah n’est-il présent qu’à La Mecque ? »
Voilà au moins un récit autobiographique qu’on ne cherche pas à nous vendre comme un roman pour une fois puisqu’il est bien noté « récit » sur la couverture. Bon malheureusement, il suit une longue liste de récits autobiographiques lus dans le cadre du prix Orange et je sature totalement. J’ai peur de ne plus les apprécier à leur juste valeur. Cependant, ce récit mérite vraiment le détour malgré quelques remarques.
Dans une première partie, Omar Youssef Souleimane évoque sa fuite de la Syrie pour venir en France. Son espoir est de revenir dans son pays après la chute de Bachar el-Assad… qui ne vient toujours pas… Cette première partie sert de préambule à un récit en trois autres parties où Omar évoque son enfance et surtout son adolescence. Il réside en Arabie Saoudite où ses parents sont des expatriés. Il vit avec ses frères dans un monde où le salafisme règne en maître que ce soit à la maison ou à l’école coranique où il est inscrit.
À travers son récit, Omar explique les mécanismes du conditionnement mais aussi son cheminement intellectuel sur l’Islam. Il passe ainsi d’une volonté de faire le djihad à une critique très sévère de la religion mais surtout de ceux qui s’en réclament en experts. La violence est bien évidemment aussi le cœur du sujet : violence entre les peuples (Omar est rejeté par ses camarades de classe car il est syrien), violence contre les femmes, le conflit israélo-palestinien, la haine des Américains, la légitimation de la violence d’Al-Qaïda…
Un récit simple, plutôt bien écrit mais très court. Il n’explique pas le passage de l’adolescence à l’âge adulte où il fuit la Syrie ni sa vie en France en tant que réfugié. J’ai donc eu un sentiment d’inachevé mais c’est peut-être aussi parce que malheureusement l’histoire est loin d’être finie…
Omar Youssef Souleimane – Le petit terroriste – Flammarion – 210p