« Le soldat. XXe-XXIe siècle » sous la direction de François Lecointre
Il n’est jamais très simple de chroniquer un essai d’histoire mais je vais tenter (ça va me rappeler mes années étudiantes).
Alors que l’image du militaire était jusqu’à encore très récemment lointaine (grâce à plusieurs décennies de paix), elle refait aujourd’hui surface dans le contexte du terrorisme. Le plan Vigipirate et l’opération Sentinelle ont remis en avant l’armée au point que maintenant, 30% des Français ont une opinion favorable du militaire (loin devant les policiers, les maires, les enseignants…). Cette résurgence des armées dans nos vies a incité les auteurs de cet ouvrage à expliquer ce qu’est le militaire aujourd’hui et comment son image à évoluer, d’autant plus que « les besoins et les particularismes de la société militaire restent incompris ». Notons que les auteurs qui sont pour beaucoup historiens, sont aussi tous des militaires.
Nous avons ainsi un ouvrage en trois parties qui aborde l’image du soldat (première partie « Du soldat »), le combat et son évolution technique et stratégique (seconde partie « Au combat ») puis le retour de celui-ci et ce que cela implique en traumatismes et résilience (troisième partie « Le retour »).
Beaucoup d’éléments de l’ouvrage proviennent de la revue Inflexions (qui existe depuis 2005), sorte de boîte à outils, à idées de l’armée de terre.
Dans la première partie – « Du soldat » - les auteurs évoquent la remise en cause progressive du « dressage » des corps pour aboutir à une autorité plus respectueuse des hommes et de leur discernement. Les critiques sont mieux acceptées dans l’optique d’un meilleur fonctionnement. Il n’empêche que les principes fondamentaux d’obéissance, de hiérarchie demeurent ainsi que la notion de bravoure.
Dans la seconde partie – « Au combat » - les auteurs abordent le soldat au combat dans notre quotidien où la technologie prend de plus en plus de place. Ils parlent d’ailleurs de « soldat augmenté » pour qualifier cette prédominance du progrès technique sur l’homme. Cet essor de la technique est d’ailleurs une des raisons qui expliquent la professionnalisation de l’armée. Cependant, l’armée doit prendre soin de ne pas se laisser à aller qu’à de la technique. Les soldats subissent des contraintes psychologiques de plus en plus fortes qu’il ne faut pas négliger.
Dans la dernière partie – « Le retour » - les auteurs font la part belle aux conséquences psychologiques des actions militaires. Les traumatismes sont nombreux. La parole doit pouvoir se libérer pour mettre en place le processus de résilience mais peut-on pour autant se porter comme victime ? Tel est l’enjeu de ces chapitres ainsi que celle de la reconnaissance notamment par les décorations.
Un ouvrage intéressant bien qu’exigeant qui ne conviendra qu’aux grands férus d’histoire et de la chose militaire. Je regrette cependant que les auteurs soient tous des militaires, un regard extérieur est toujours important (et pour moi nécessaire) pour aborder toutes les facettes.
François Lecointre – Le soldat. XXe-XXIe siècle –Folio Histoire – 450p