« Les hautes lumières » de Xavier de Moulins
Coup de cœur – rentrée littéraire 2017
« Quatre FIV, quatre échecs, Nina éprouve de la honte devant le soutien infaillible de son mari aimant. Devant la patience, le flegme et les silences qu’il oppose, imperturbable, à ses torrents de larmes et à ses cris. Cette patience inhumaine des types bien. Tahar est un garçon si fiable.
- Pourquoi tu t’acharnes, hein ? Pourquoi t’es encore là ? Tu l’as vu, mon corps ? Comment peux-tu supporter ça ? Qu’est-ce qu’il attend, le taxi, pour aller chercher de l’essence et ne jamais revenir ?
Son mari refuse de répondre à ses provocations.
Ce serait plus simple, finalement. Nina pourrait comprendre qu’il baisse les bras, l’abandonne à son triste sort de femme qui s’acharne. Elle se sent tellement coupable de ne pas être comme les autres, capable d’enfanter. Elle ne compte plus les longues journées et toutes les nuits passées à se demander pourquoi. Pourquoi elle ?
Elle enfile un jean taille 44, boutonne son chemisier sur ses seins gonflés, passe un gilet large et sent une immense fatigue la gagner. Elle évite le miroir du salon et glisse les clés de sa maison dans son sac. Elle ferme doucement la porte derrière elle pour ne pas réveiller son mari. Pas un mot, direction cette foutue clinique, puisque c’est la règle.
L’intervention est dans moins d’une heure.
Nina ne raterait ce rendez-vous pour rien au monde ».
Si Les hautes lumières est le cinquième roman de Xavier de Moulins, j’ai découvert l’auteur avec Charles Draper qui m’avait bluffée tant sur la psychologie des personnages que sur sa façon de savoir observer les gens et le monde qui les entoure. Il n’est pas journaliste pour rien ! Entre temps, j’ai eu le plaisir de découvrir Que ton règne vienne. C’est donc naturellement avec impatience que j’ai ouvert ce nouveau roman… et j’en suis sortie abasourdie, sonnée.
Comme ses deux précédents romans, Xavier de Moulins explore le couple, le milieu familial. Ce couple, c’est Nina et Tahar. Originaires de Bondy, en couple depuis une dizaine d’années, ils ont tout pour être heureux… sauf un enfant. Cette ombre au tableau, ils cherchent à la faire disparaître. Ils traversent tout, ensemble : l’attente, le désespoir, le parcours de la PMA. Un ultime recours s’offre à eux, l’adoption d’un petit garçon au Maroc. Là encore, le parcours est semé d’embûches mais va, cette fois-ci, fissurer le couple. Si Nina se défend bec et ongle pour amener son fils en France, Tahar, lui, prend ses distances en faisant la connaissance de Françoise, une photographe.
Quel avenir pour ce couple, cet enfant ? Doit-on suivre ses désirs ? Doit-on tout risquer par amour ? Ce sont à ses questions que Xavier de Moulins amène le lecteur avec une écriture franche, viscérale et un rythme fou digne d’un polar. Une fois commencé, j’ai eu du mal à lâcher ce roman car je brûlais de connaître le dénouement de cette histoire forte.
Bravo Xavier de Moulins pour ce roman saisissant qui ne laisse pas indemne. Lisez-le, il y a peu de risques de ne pas aimer…
Xavier de Moulins – Les hautes lumières – JC Lattès – 380p
Du même auteur :
" Mathilde vengeait des millions de femmes. Dans sa nuit, Charles Draper comprenant qu'elles n'étaient pas les seules à vivre dans l'obsession d'un corps sans faute. Elles aussi avaient des yeux pour apprécier la beauté du monde. " En voilà une belle surprise !
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