« Garde-corps » de Virginie Martin
Premier roman
« Les questions fusent, je suis bonne dans l’adversité. J’excelle et je le sais. Je ne le montre pas trop, histoire de ne pas agacer. Mais j’excelle. Je le sais.
Mon grand oral de ministre du Travail passé, je rejoins le monde plat des mortels. Je vais m’asseoir sagement sur un des fauteuils rouges dans les premiers rangs de l’Assemblée. Je quitte la lumière.
Plus tard, je rejoins Patrick. Ce chauffeur-violeur-de-petite-fille. Je sais que j’ai réussi mes combats en partie grâce à des monstres comme lui. C’est toute l’ironie de l’histoire. Moi, je suis en train d’y rentrer dans l’Histoire. »
Gabrielle Clair est une jeune quadra ministre du Travail. C’est une femme dynamique, très engagée et qui a tout compris à la politique et à la communication, notamment les réseaux sociaux. Il suffit de lire les pages sur son débat télévisuel pour voir à quel point elle est un animal politique. C’est donc une battante mais ce caractère, elle l’a forgé après bien des épreuves. De nombreux flash-back nous amènent dans l’adolescence difficile de Gabrielle : elle est violée à onze ans, traitée de pute au collège, abandonnée par des parents riches et égoïstes. Elle s’endurcit progressivement et développe un esprit de revanche et de vengeance.
Trente ans après, son violeur resurgit dans sa vie et bouscule tout.
Garde-corps est un livre choc qui ne peut laisser indifférent tellement il est cru et violent. Je comprends qu’on puisse ne pas l’aimer mais, contrairement à certains avis que j’ai pu lire, je ne trouve pas que la forme dessert le fond, bien au contraire. Quoi de plus vivant, de plus réaliste que d’user d’un style direct, cash, sans concessions et tabous pour exprimer la violence du milieu politique et la violence faite aux femmes. C’est immoral car ce monde est immoral. Cette description cynique et réaliste est d’autant plus forte que Virginie Martin connaît très bien ce milieu puisqu’elle est politologue. Elle livre un récit féministe à sa manière, rythmé et qui fait réfléchir sur le milieu politique, sur la moralité de façon générale. C’est aussi un réquisitoire contre les petites villes de province mais aussi le microcosme parisien où ça sent le rance, la haine, la petitesse.
Libre à vous de le lire ou pas. Je salue en tout cas l’audace.
Virginie Martin – Garde-corps – Le Mieux éditeur – 170p
Deux avis de blogueurs que j'aime beaucoup :
Garde corps est comme un uppercut, le début dur donne le ton, on suit l'ascension d'une jeune femme politique Gabrielle Clair. Ses angoisses, fantômes qui la poursuivent de l'enfance à l'âge adulte. La description de son mal être à la 1ere personne, on est dans sa tête est prenante.
http://eirenamg.canalblog.com
Garde-corps est le premier roman de Virginie Martin paru lors de la rentrée littéraire de Septembre 2016 aux éditions Lemieux. Il fait partie de la sélection des 68 premières fois. Je remercie nos fées Charlotte, Eglantine, Nicole et Sabine, ainsi que les éditions Lemieux pour cette lecture.
http://alombredunoyer.com