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LES LECTURES DU MOUTON
14 juillet 2016

« De nos frères blessés » de Joseph Andras

 

Coup de cœur

Premier roman

2016-07-10 15

 

« Mais tout ceci me rappelle une histoire, poursuit-il : en 1917, j'étais un jeune officier, j'avais trente-cinq ans, quelque chose comme ça, et j'ai vu de mes yeux deux jeunes soldats français se faire fusiller. Et lorsque l'un d'eux était conduit au poteau, le général lui a dit, je m'en souviens parfaitement, toi aussi, mon petit, tu meurs pour la France. Il s'arrête sur ces mots. Smadja entend ce qu'il ne dit pas, ou du moins le croît, le comprenant ainsi : Coty, en évoquant ce triste soldat, ne songe qu'à Fernand Iveton – lui aussi, alors, s'apprête à mourir pour la France...  »

Grâce aux 68 premières fois, j'ai encore eu le droit à un très gros coup de cœur avec « De nos frères blessés ». Son auteur, Joseph Andras, avait défrayé la chronique il y a quelques temps pour avoir refusé le Goncourt du Premier roman. Et pourtant, on comprend pourquoi il a obtenu ce prix !

L'auteur nous plonge dans une histoire plutôt méconnue (en tout cas pour les jeunes générations), celle de Fernand Iveton, un jeune ouvrier communiste et anticolonialiste, condamné à mort en 1957 pour une bombe qui n'a jamais explosée et qui n'avait pas vocation à faire de victimes. Il est ainsi devenu le seul guillotiné de la guerre d'Algérie, un homme victime d'un gouvernement français voulant faire de lui un exemple comme cela a été bien souvent le cas à chaque guerre. Ironie du sort, François Mitterrand était le ministre de la justice de René Coty au moment du l'affaire... ce même homme qui œuvra en 1981 pour l'abolition de la peine de mort.

Au-delà du thème plus qu'intéressant, j'ai été assez bluffée par le style de ce jeune écrivain et par la construction du roman : il alterne les scènes sur son arrestation, son emprisonnement, son procès avec des flash-back sur sa rencontre avec sa femme Hélène, apportant une respiration au récit. L'auteur a su également dresser un beau portrait d'un idéaliste, amoureux de la France et de l'Algérie et surtout de la liberté. Jusqu'au bout, il pensera que sa cause saura toucher les hautes instances... en vain. Lyrique, idéaliste, exalté, ce roman est une vraie pépite. Je n'ai aucun doute sur le talent de ce nouvel écrivain et je suis prête à le lire à nouveau.

 

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Joseph Andras – De nos frères blessés – Actes Sud– 140p.

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