« Le cas Eduard Einstein » de Laurent Seksik
L'auteur : Laurent Seksik est écrivain et médecin. Il est l'auteur de La Légende des fils et des Derniers Jours de Stefan Zweig, bestseller traduit dans quinze langues. Le cas Eduard Einstein est son sixième roman.
Quatrième de couverture :
«Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution» - Albert Einstein.
Le fils d'Einstein a fini parmi les fous, délaissé de tous, jardinier de l'hôpital psychiatrique de Zurich. Sa mère, qui l'a élevé seule après son divorce, le conduit à la clinique Burghölzli à l'âge de vingt ans. La voix du fils oublié résonne dans ce roman où s entremêlent le drame d une mère, les faiblesses d'un génie, le journal d'un dément. Une question hante ce texte : Eduard a-t-il été abandonné par son père à son terrible sort ? Laurent Seksik dévoile ce drame de l'intime, sur fond de tragédie du siècle et d'épopée d'un géant.
Mon avis :
Dans ce roman, on a, tour à tour, le point de vue du fils cadet Eduard (à la première personne), celui de sa mère Mileva et de son père Albert (à la troisième personne). Ce changement de point de vue permet d'obtenir foule de renseignements et surtout la manière dont la maladie détruit à la fois la personne qui la subit mais aussi son entourage.
J'ai tout d'abord été bluffé par la façon dont l'écrivain a su décrire les pensées, les hallucinations d'Eduard : faire vivre un personnage schizophrène et être crédible, c'est difficile. Il est clair que son statut de médecin a aidé Laurent Seksik à permettre de faire vivre cet homme et sa maladie.
Ensuite, ce roman permet vraiment de décrire l'homme et non le savant qu'était Einstein. Cet homme qui a bravé son entourage pour épouser la femme qu'il aimait, se retrouve dans une situation chaotique : une femme qui finit par le lasser, un fils qui commence ses troubles à dix-neuf ans, sa vie est aussi morose que son génie est grand. L'absence du père, depuis le divorce avec Mileva et pendant ses années de troubles mentaux, éloigne le fils du père et pourtant l'amour est là de part et d'autre. Cette absence est aggravée par l'obligation de fuite d'Albert vers les Etats-Unis et ce passage permet aussi de rappeler la traque des juifs, des figures éminentes de la science.
Enfin, ce roman permet de découvrir le grand secret entre Mileva et Albert, la perte de leur fille Lieserl, morte à l'âge de deux mois après avoir été abandonnée à une nourrice et "enterrée dans un coin de Serbie connu d'eux seuls et dont ils ne révéleront jamais le lieu".
Dans le cadre de la schizophrénie, il est intéressant de voir aussi la place des handicapés et malades dans les sociétés qui se fascisent (bien qu'Eduard ait été interné en Suisse), comment fonctionnent les asiles de l'époque et les traitements infligés.