« Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur » de Harper Lee
L'auteur : Harper Lee est née en 1926 à Monroeville, Alabama. Elle entreprit des études de droit qu'elle abandonna pour écrire. Couronné par le prix Pulitzer en 1961, adapté au cinéma l'année suivante ce roman fait partie des plus grands best-sellers du XXe siècle. En dépit de son succès, Harper Lee n'a plus jamais rien publié et a choisi de vivre dans un quasi-anonymat entre New York et Monroeville.
Quatrième de couverture :
Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 - au cœur de la lutte pour les droits civiques -, connut un tel succès. Il ne suffit pas en revanche à comprendre comment ce roman est devenu un livre culte aux Etats-Unis et dans bien d'autres pays. C'est que, tout en situant son sujet en Alabama à une époque bien précise - les années 1930 -, Harper Lee a écrit un roman universel sur l'enfance confrontée aux préjugés, au mensonge, à la bigoterie et au mal. Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cette histoire tient du conte, de la court story américaine et du roman initiatique. Couronné par le Prix Pulitzer en 1961, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur s'est vendu à plus de 30 millions d'exemplaires dans le monde entier.
Mon avis :
Cela faisait longtemps qu'on me disait de lire ce classique de la littérature américaine et, je ne sais pour quelle raison, je n'ai jamais pensé à le faire. Je regrette d'avoir mis autant de temps à le lire. Ce roman est un pur chef-d'oeuvre. Pourtant, au départ, j'ai été un peu décontenancée par les cent premières pages axées sur les jeux d'enfants entre la jeune Scout, son frère Jem et leur ami Dill. Puis, les choses se déploient progressivement et gagnent en intensité. Le procès ainsi que le soir d'Halloween sont les deux moments les plus passionnants. Harper Lee distille un discours humaniste tout au long de son livre et pas uniquement sur le racisme et l'inégalité entre Noirs et Blancs mais sur la vie en société et les mœurs de manière générale.
Prenons l'exemple de Mr Dolphus Raymond que Scout, Jem et Dill prennent pour un alcoolique au vu de son attitude en public :
« - Alors, ce que vous buvez dans ce sac est du Coca-Cola ? Rien que du Coca-Cola ? […]
- Pourquoi vous faites ça ?
- Pour... ah oui ! Vous voulez dire pourquoi je fais semblant . Et bien c'est très simple, dit-il. Il y a des gens qui n'aiment pas ma façon de vivre. Je pourrais dire qu'ils aillent au diable et me moquer qu'ils ne l'aiment pas. Alors je dis nettement que je m'en moque, mais je ne les envoie pas au diable […]
- Non, monsieur
- J'essaie de leur fournir une raison, vous voyez. Ça aide les gens de pouvoir se raccrocher à une raison. Quand je vais en ville, ce qui est rare, si je titube un peu, et que je bois dans ce sac, les gens peuvent dire Dolphus Raymond est sous l'emprise du whisky – c'est pour ça qu'il ne changera pas sa manière d'être. […] Entre nous miss Finch, je ne suis pas un gros buveur, mais, voyez-vous, ils ne pourraient jamais, jamais comprendre que je vis comme je le fais uniquement parce que j'ai envie ».
Cet un exemple parmi tant d'autres, j'aurais pu citer les passages où Atticus explique à son fils pourquoi il était important de tenir compagnie à une voisine acariâtre.
Ce roman est tout simplement un pur bonheur et devrait être plus largement lu en France où il jouit d'une moins bonne notoriété. Il m'a aussi beaucoup fait penser à deux autres romans : La couleur des sentiments et Black Boy (dont vous pouvez lire mon avis ici).