20 novembre 2019

« Lust » d’Elfriede Jelinek

« Il faudra bien un jour qu’elle apprenne à s’offrir sur un plateau, à se donner elle-même plaisamment, complaisamment, c’est trop long, trop pénible d’avoir à cueillir un à un tous ses fruits. Mais non, rien à faire. Un peu en retrait devant la caisse, il embrasse du regard son bien, vide béant devant lequel les marchandises font le beau. Et voit autour de lui virevolter des employés du supermarché, auxquels il a pris leurs enfants, les uns pour l’usine, les autres en les acculant à quitter le pays – ou à sombrer dans la... [Lire la suite]
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14 novembre 2019

« Un homme qui dort » de Georges Perec

« Tu t’es arrêté de parler et seul le silence t’a répondu. Mais ces mots, ces milliers, ces millions de mots qui se sont arrêtés dans ta gorge, les mots sans suite, les cris de joie, les mots d’amour, les rires idiots, quand donc les retrouveras-tu ? » Un matin, un jeune étudiant décide de ne pas se lever pour passer un examen. Commence alors une vie faite d’abandon, de solitude, de lassitude, de torpeur. Une existence où le goût de la vie semble avoir disparu d’un coup. Une vie détachée de tout sentiment, de toute... [Lire la suite]
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12 novembre 2019

« Opus 77 » d’Alexis Ragougneau

« Le vrai virtuose mondial, c’est celui qui a peur à s’en pisser dessus et qui s’avance seul devant trois mille spectateurs, pour jouer Ravel, Chopin, Rachmaninov, sans ciller ». Ariane Claessens se lève dans l’église où a lieu l’enterrement de son père, célèbre chef d’orchestre. Elle s’avance, s’installe devant le piano pour lui rendre hommage. Alors qu’elle avait pensé à Liszt, elle se lance dans un concerto pour violon. Les premières notes s'élèvent. L’assemblée s’étonne, s’insurge même. Elle joue l’Opus 77 de... [Lire la suite]
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07 novembre 2019

« Icebergs » de Tanguy Viel

    « Et de même qu’il faudra, dans ce même mythe, que Cronos déchire la surface du ciel pour rendre la vie possible, de même je suis forcé de déchirer la surface de la pensée pour que coule sur la page l’encre nécessaire à son inscription ». En dix promenades littéraires, Tanguy Viel livre ses réflexions, ses manies, ses doutes, ses obsessions sur l’écriture et la littérature. L’art de la mélancolie, le démon de la citation, la défense du négatif.  Il nous conte aussi ses lectures et auteurs : une... [Lire la suite]
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04 novembre 2019

« Lanny » de Max Porter

« Je pense à mon bébé qui dort dans la chambre à côté. Ou qui ne dort peut-être pas. Peut-être qu’il est dans le jardin et qu’il danse avec les elfes et les gobelins. Nous partons du principe qu’il dort comme un enfant normal, mais ce n’est pas un enfant normal, c’est Lanny Greentree, notre petit mystère ». Un petit village anglais tranquille. Du moins en apparence car le Père Lathrée Morte, sorte de créature légendaire, d’esprit sacré de la nature, entend tout ce qui se dit au village. Et la réalité est bien loin d’être... [Lire la suite]
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31 octobre 2019

« Son corps et autres célébrations » de Carmen Maria Machado

Ce recueil de « nouvelles » mêle le fantastique, la science-fiction aux violences sur les femmes et leurs corps. Je n’évoquerai pas tous les textes. Probablement la plus réussie du recueil, Le point du mari raconte la vie amoureuse d’une femme avec son mari sur de nombreuses années. Pour ceux qui ne connaissent pas, le point du mari est un point supplémentaire, effectué sans l'avis de la patiente, pour resserrer davantage le vagin d’une femme après une déchirure ou une épisiotomie pendant l’accouchement. Ce point... [Lire la suite]
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21 octobre 2019

« Éloge du métèque » d’Abnousse Shalmani

« Si je suis devenue un monstre présentable, c’est que l’imaginaire m’a aidée à me fabriquer un masque, l’amour à me bâtir un temple, la foi à raconter des histoires. Le tempérament de métèque, c’est l’art du saltimbanque, le monde sa scène de théâtre, sa vie une création quotidienne ». La première fois que j’ai entendu le mot métèque, j’étais enfant et c’était, comme beaucoup, dans la chanson de Georges Moustaki. Je ne savais évidemment pas ce que ce mot signifiait. Je ne savais pas que ce mot a eu des... [Lire la suite]
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15 octobre 2019

« Bleuets » de Maggie Nelson

« Je suis donc tombée amoureuse d’une couleur – la couleur bleue, en l’occurrence – comme on tombe dans les rets d’un sortilège, et je me suis battue pour rester sous son influence et m’en libérer, alternativement ». Écrire sur une couleur, ça avait déjà été fait. Écrire sur le bleu, un couleur tellement aimée de tous, est, de plus, assez commun. Il en faut plus à Maggie Nelson pour la détourner du chemin. Comme elle le dit dans son fragment 155 : « Que la moitié des adultes du monde occidental aiment le bleu ne... [Lire la suite]
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11 octobre 2019

« Des hommes justes » d’Ivan Jablonka

Qu’est-ce qu’un mec bien ? Pendant l’affaire Weinstein et MeToo, nous avons surtout entendu certains hommes qui défendaient leur statut de mâle dominant face à une « hystérie » collective. Cependant, de nombreux autres ont réfléchi individuellement à la façon dont ils réagissaient avec les femmes. Le souci c’est que collectivement, c’était silence radio. Dans cet ouvrage, Ivan Jablonka souhaite définir de nouvelles masculinités et défendre un projet de justice de genre. Il dresse d’abord l’histoire du patriarcat... [Lire la suite]
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07 octobre 2019

« Par les routes » de Sylvain Prudhomme

« C’est comme s’il avait toujours besoin que sa trajectoire en frôle d’autres. Comme si son appétit, sa curiosité, sa faim lui rendaient viscéralement impossible de renoncer à la multitude des rencontres possibles ». La vie est de passage, autant bien choisir avec qui en être le passager. Mais choisir, est-ce si simple dans une vie qui s’étire sur la longueur tout en étant incroyablement fugace ? Le temps passe, laisse les hommes être remplacés par d’autres en de cycles immuables. Que reste-t-il de notre... [Lire la suite]
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