20 juin 2020

« Elles sont au service » de Fabienne Swiatly

Sorti dix jours avant le confinement, ce recueil résonne fort avec l’actualité. Elles sont au service des autres : aide-soignantes, caissières, infirmières, auxiliaires de vie ou de puériculture, prostituées, nounous, ouvrières, atsem, menuisières... Elles font ses métiers par choix ou par nécessité. Elles travaillent pour la satisfaction du travail accompli, de l'aide apportée. Elles sont au service des autres sans être reconnues à leur juste valeur. Invisibles ou presque. Métiers déconsidérés, métiers sous-payés car métiers... [Lire la suite]
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12 juin 2020

« Nos corps érodés » de Valérie Cibot

« En réalité, ce qui a eu lieu ici marque à la fois le crépuscule et l’aube. La clarté est venue de l’onde. Disons qu’une vague a tout emporté et que cette histoire-là, c’est celle de la vague ». Elle revient sur son île. Ce qu’il en reste du moins. De longues étendues de plages fermées, des falaises grignotées, des blockhaus qui s’effondrent. L’érosion est partout. Le sel, le sable et l’humidité viennent attaquer, menacer l’île et ses habitants. Ça sent l’iode, le salpêtre et la violence. Ça a le goût du béton, de... [Lire la suite]
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06 juin 2020

« Le seigneur des porcheries » de Tristan Egolf

Baker. Dans le comté de Greene. Dans la Corn Belt. Baker, une petite ville sinistre du Midwest où l’alcool fait des ravages ; où la violence et l’inceste sont légion ; où la mesquinerie, le racisme et la bêtise règnent en maîtres ; où la religion ne sert qu’à dépouiller les gens. Citrons, torche-collines, rats d’égouts, trolls, harpies méthodistes, telles sont les appellations que les habitants de Baker se jettent en plein visage. Dans cette contrée, un homme entre dans la légende : John Kaltenbrunner. Il n’a rien du héros :... [Lire la suite]
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31 mai 2020

« Midi » de Cloé Korman

« Qui meurt paye ses dettes ». William Shakespeare « Certaines dettes sont beaucoup trop élevées pour qu’on en vienne jamais à bout ». Cloé Korman. Claire est médecin dans un grand hôpital parisien. Elle retrouve Dom, un ancien amant en phase terminale d’un cancer. Ces retrouvailles inattendues et douloureuses la ramènent quinze ans plus tôt, à Marseille. Durant un été, son amie Manu et elle sont animatrices d’un stage de théâtre pour enfants, sous la responsabilité de Dom. Ensemble, ils montent la pièce La Tempête... [Lire la suite]
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24 mai 2020

« L’âge de la première passe » d’Arno Bertina

Un sujet casse-gueule : le regard d’un homme sur des femmes, le regard d’un homme sur des prostituées, le regard d’un blanc européen sur des filles d’Afrique noire. Tant d’écueils à éviter mais, Arno Bertina y parvient parfaitement pour livrer un récit remarquable. Plusieurs séjours avec une ONG au Congo pour évoquer une prostitution en périphérie des villes, loin du tourisme sexuel pour Européens : « je pensais que ce serait l’argent des expats et c’est l’absence d’argent des Congolais ». Pourquoi ces mineures,... [Lire la suite]
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18 mai 2020

« Île » de Siri Ranva Hjelm Jacobsen

« Toi ? Tu ne sais même pas prononcer ton propre nom ». Elle est danoise mais d’origine féroïenne par sa mère. Elle sait peu de choses sur la terre de ses ancêtres, sur cette famille restée sur les îles. Quelques souvenirs épars avec ses grands-parents notamment – sa omma et son papé. Avec ses parents, la narratrice refait le voyage vers les îles, en quête d'une partie de son identité : « Les racines frémissent et cherchent. Elles transportent les particules mortes d’une autre terre ». Ce roman est... [Lire la suite]
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10 mai 2020

« Parler peau » de Sabine Huynh

La peau, le corps. Nos meilleurs ennemis. D’eux, nous attendons tout, nous craignons tout. Des peaux et des corps à modeler, à mettre dans des cases. Des corps qu’on maltraite. Des peaux qu’on cache ou surexpose. Des êtres enfermés dans des cages dorées ou des cachots. Nous prêtons attention aux regards et aux mots mais, nous écoutons peu nos corps. Derrière leurs maux, les mots sont là : le corps est un langage. Un langage du silence ; le corps a tant à dire mais si peu de mots peuvent transcrire avec exactitude, avec... [Lire la suite]
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06 mai 2020

« Médée Kali suivi de Sodome, ma douce » de Laurent Gaudé

Deux pièces de théâtre sur des mythes revisités. Deux histoires de femmes. Deux histoires de vengeance. Deux monologues (+ les voix des enfants dans Médée Kali). Les réunir dans un même ouvrage tombait sous le sens. « Ce que j’aurais fait pour toi, Pour être à un homme comme toi Et pouvoir, la nuit, dans ta couche, caresser tes lèvres. Je suis belle. Je suis Médée Kali ». Médée revient sur le lieu de sépulture de ses enfants qu’elle a assassinés. Elle veut récupérer leurs corps pour les soustraire à leur père Jason... [Lire la suite]
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01 mai 2020

« Ève de ses décombres » d’Ananda Devi

« Tout cela est si bref. Quelques années dérisoires, à peine le temps d’ouvrir des yeux neufs sur la vie et, déjà, ce qui se présente à nos yeux est la mort. Notre alternative : soit la défaite, soit la conquête par la violence. Mais cette conquête-là n’en est pas une. C’est la résistance des désespérés. C’est ce que j’aurais voulu leur dire, à eux qui se déploient en ce moment à travers la ville avec leurs visages d’anges néfastes, pris dans leur faux rythme, la voix pétaradante de leurs machines annonçant l’échéance. Je... [Lire la suite]
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24 avril 2020

« Des arbres à abattre » de Thomas Bernhard

« Ils le voyaient bien : je suis l’observateur, l’ignoble individu qui s’est confortablement installé dans le fauteuil à oreilles et s’adonne là, profitant de la pénombre de l’antichambre, à son jeu dégoûtant qui consiste plus ou moins à disséquer, comme on dit, les invités des Auersberger. Ils m’en avaient toujours voulu de les avoir toujours disséqués en toute occasion, effectivement sans le moindre scrupule, mais toujours avec une circonstance atténuante ; je me disséquais moi-même encore bien davantage, ne m’épargnais... [Lire la suite]
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