11 décembre 2019

« Histoires » de Marie-Hélène Lafon

Ma rencontre avec Marie-Hélène Lafon date de 2014 avec la sortie de son roman Joseph. J’ai été confrontée à la fois à un monde paysan rude, où les émotions ne semblent pas avoir leur place et à une langue d’une puissance incroyable, à la chair débordante. Parce que lire Marie-Hélène Lafon, c’est se frotter à une langue qui suinte, qui transpire, qui ressent, qui vibre. À travers les récits de ces hommes et de ces femmes du Cantal, taiseux, à leur « juste place » dans un quotidien âpre, l’autrice nous livre des corps.... [Lire la suite]
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01 décembre 2019

« Le cri du sablier » de Chloé Delaume

« Maman se meurt première personne. Elle disait malaxer malaxer la farine avec trois œufs dedans et un yaourt nature. Papa l’a tuée deuxième personne. Infinitif et radical. Chloé se tait troisième personne. Elle ne parlera plus qu’au futur antérieur. Car quand s’exécuta enfin le parricide il fut trop imparfait pour ne pas la marquer ». Dès les premières lignes, c’est le Verbe qui surprend, nous colle au récit, nous malmène. Le doute puis la magie opère ; Chloé Delaume parvient à nous emporter. La petite fille en... [Lire la suite]
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24 novembre 2019

« Le bleu du lac » de Jean Mattern

« ... si seulement je croyais à l’existence du péché et à la possibilité d’effacer mes fautes par un tour de passe-passe avec le bon Dieu, si seulement j’espérais encore obtenir les jours de l’absolution et les vertus du pardon, mais je connais le poids de mes actes, je le connais au gramme près, et à ce jour je n’ai trouvé aucun moyen de m’en délester, peut-être parce que l’addition de nos fautes fait aussi le prix d’une vie... » Viviane se rend à l’enterrement de James. Elle va, pendant la cérémonie, interpréter au... [Lire la suite]
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14 novembre 2019

« Un homme qui dort » de Georges Perec

« Tu t’es arrêté de parler et seul le silence t’a répondu. Mais ces mots, ces milliers, ces millions de mots qui se sont arrêtés dans ta gorge, les mots sans suite, les cris de joie, les mots d’amour, les rires idiots, quand donc les retrouveras-tu ? » Un matin, un jeune étudiant décide de ne pas se lever pour passer un examen. Commence alors une vie faite d’abandon, de solitude, de lassitude, de torpeur. Une existence où le goût de la vie semble avoir disparu d’un coup. Une vie détachée de tout sentiment, de toute... [Lire la suite]
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22 juillet 2019

« À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie » d’Hervé Guibert

« Dans la cour de l’hôpital éclairée par ce soleil de juin qui devenait la pire injure au malheur, je compris, pour la première fois car quand Stéphane l’avait dit je n’avais pas voulu le croire, que Muzil allait mourir, incessamment sous peu, et cette certitude me défigura dans le regard des passants qui me croisaient, ma face en bouillie s’écoulait dans mes pleurs et volait en morceaux dans mes cris, j’étais fou de douleur, j’étais Le cri de Munch ». Hervé Guibert expose le mal qui le ronge avec force, violence,... [Lire la suite]
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07 juillet 2019

« Minuit en mon silence » de Pierre Cendors et « Par-delà nos corps » de Bérangère Cournut

« La poésie fait un poème de tout, madame, de la vie, du hasard, même de la mort d’un soldat. Un poème écrit avec son sang. Je ne souhaite à personne d’être poète. Votre vie ne vous appartient pas plus que votre mort. On vous croit le plus libre des hommes, mais c’est une liberté dont on ne s’évade pas » (Pierre Cendors). « Puis, avec le temps, je me suis aperçue que les femmes ont un autre moyen de créer, beaucoup plus puissant. Ce n’est pas seulement parce qu’elles sont dominées par les hommes qu’elles pratiquent... [Lire la suite]
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28 mai 2019

« Laissez des traces » d’Arnaud Dudek

« La politique, au fond, ce n’est pas différent de l’écriture. Bon nombre de gens ont des idées pour le pays. De même, bon nombre de gens écrivent. Mais à un moment s’opère une sorte de bascule, et c’est assez mystérieux. On se dit que nos idées, que nos pages peuvent intéresser d’autres gens. Qu’elles peuvent faire du bien. Alors on tente d’être lu, ou bien on tente d’être élu. Après, ce n’est qu’une question d’échelle. Quatre cents, dix mille, un million d’exemplaires. Une commune, un département, la France ». Quand... [Lire la suite]
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24 mai 2019

« Quand nos souvenirs viendront danser » de Virginie Grimaldi

« Je voudrais dire à Joséphine qu’elle va s’en remettre, parce qu’il paraît que c’est ainsi, qu’on se remet de tout. Je voudrais lui promettre que, chaque jour, elle ira un peu mieux, que ce sera imperceptible, mais bien réel et que dans quelques temps son grand sourire sera de retour, qu’elle s’extasiera de nouveau face au soleil, à la pluie, et ne parlons même pas de la neige. Je voudrais la rassurer, mais je n’y crois pas. Ce que je crois, c’est qu’il lui manquera jusqu’à son dernier souffle. Qu’elle pensera à lui chaque... [Lire la suite]
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13 mai 2019

« Ce qui est monstrueux est normal » de Céline Lapertot

    « Plus tard, elle exploitera les failles et les forces de ce silence dans un roman. Ce qui ne se dit pas s’exprime autrement ; au moyen d’un stylo ou d’un clavier d’ordinateur, du chant, de la danse, de la peinture, du théâtre, du cinéma. Mais il n’y a rien de plus ridicule, rien de plus inefficace et dépassé, que le fait de s’installer en face de quelqu’un pour lui demander de parler ouvertement de ses plaies ». La petite fille que tu étais aurait pu être enfermée à vie dans une enfance désastreuse.... [Lire la suite]
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06 mai 2019

« Un matin d’hiver » de Philippe Vilain

« L’absence n’est ni la mort, ni tout à fait l’espoir mais cette torture du temps, son inquiétude et son vertige, qui fait espérer des choses auxquelles on fait semblant de croire ; l’absence, c’est attendre sans pouvoir ni faire le deuil, c’est vivre avec un sentiment d’inachevé ». Quand le disparu est bien trop présent. Philippe Vilain explore roman après roman l’amour, ces moments qui jalonnent l’existence de deux êtres qui s’unissent l'un à l'autre pour un temps ou pour toujours. C’est parce qu’il est un... [Lire la suite]
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