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LES LECTURES DU MOUTON
6 juin 2020

« Le seigneur des porcheries » de Tristan Egolf

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Baker. Dans le comté de Greene. Dans la Corn Belt.

Baker, une petite ville sinistre du Midwest où l’alcool fait des ravages ; où la violence et l’inceste sont légion ; où la mesquinerie, le racisme et la bêtise règnent en maîtres ; où la religion ne sert qu’à dépouiller les gens. Citrons, torche-collines, rats d’égouts, trolls, harpies méthodistes, telles sont les appellations que les habitants de Baker se jettent en plein visage.

Dans cette contrée, un homme entre dans la légende : John Kaltenbrunner.

Il n’a rien du héros : il est le vilain petit canard, celui qui vit dans l’ombre d’un défunt père glorieux – du moins, c’est ce qu’il croit. Il n’a rien pour lui : ni le physique, ni la renommée. Il a la poisse et elle lui rend bien. John est pourtant un enfant doué, capable à dix ans de développer sa propre exploitation agricole. Mais les rancœurs, la jalousie font tout capoter. C’est le début d’une longue série d’événements foireux qui poussent John, devenu adulte, dans le gouffre. Et pourtant, il finit toujours par se relever. Jusqu’au jour où il décide de renverser la vapeur, de rétablir une justice.

John fomente sa vengeance que raconte l’un des torche-collines, l’un des éboueurs qui a travaillé avec lui.

Le titre et son sous-titre « Le temps venu de tuer le veau gras et d’armer les justes » révèlent le point de bascule de cet homme, plus cavalier de l’Apocalypse que figure christique. Et le lecteur suit avec intérêt les péripéties rocambolesques de John et les réactions de la population.

Premier roman, Le seigneur des porcheries est une œuvre majeure, saisissante par sa maîtrise, son rythme et son style truculent. Il a l’art de mêler le sale (les scènes dans l’abattoir donnent la nausée), le sordide, le révoltant avec panache. Un portrait au vitriol d’une Amérique profonde injuste et conservatrice.

Tristan Egolf – Le seigneur des porcheries – Folio – 610p (traduction de Rémy Lambrechts).

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