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LES LECTURES DU MOUTON
29 janvier 2020

« Un vertige » d’Hélène Gestern

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Deux courts textes qui racontent la séparation amoureuse. Comment naît la passion ? Comment finit-elle par s’effacer ? Que faire des sentiments qui traversent l’esprit, des sensations qui submergent le corps quand l’amour n’est plus ? Comment parvenir à oublier l’être aimé ?

Autant de questions qu’Hélène Gestern pose, parfois sans avoir la réponse. Elle décortique, dissèque ses propres amours et séparations pour tendre vers l’universel. « [Je] n’imaginais plus pouvoir continuer à raconter une fiction où il était question de gens qui s’aimaient, je devrais désormais fabriquer une autre langue, une langue blanche et nue ». La filiation avec Annie Ernaux est flagrante même si chacune a son style.

Quelques extraits :

« Le temps, dévastateur, vient poser une nappe étale d’indifférence sur la situation. Le désir meurt, la souffrance du désir en même temps que lui. Le corps glisse dans son propre vertige, un espace très blanc et très silencieux où plus rien n’a droit de cité, surtout pas la pensée de l’autre ».

« Je suis persuadée que l’amour nous modifie, biologiquement. J’ignore quelle révolution interne il provoque, mais je crois qu’il entraîne des agglomérations cellulaires, des déplacements d’énergie, des polarisations qui s’inscrivent dans notre chair et rayonnent bien après qu’elle a été désertée. Une place s’inscrit en creux, en manque, que plus rien, ensuite, ne parvient à combler ».

« Réapprendre la grammaire du corps d’un autre, même s’il m’arrive d’en avoir le désir fugitif, me paraît une tâche insurmontable, car ma masse organique s’est pétrifiée dans la chair de celui qui lui parlait un langage de splendeur et de vertiges ».

« Chaque souvenir, éclat de parfum, rêve de geste, voix anglaise, remue cette précarité mortelle et réveille par son mouvement le centre névralgique de la douleur, dont le centre est partout et la circonférence nulle part, dont le point d’origine se déplace à l’intérieur de la cage thoracique comme une lueur sourde et réduit chaque vaisseau par lequel il passe à une violence ordinaire.

Suis-je morte ? »

Hélène Gestern – Un vertige – Folio – 100p

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