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LES LECTURES DU MOUTON
11 décembre 2019

« Histoires » de Marie-Hélène Lafon

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Ma rencontre avec Marie-Hélène Lafon date de 2014 avec la sortie de son roman Joseph. J’ai été confrontée à la fois à un monde paysan rude, où les émotions ne semblent pas avoir leur place et à une langue d’une puissance incroyable, à la chair débordante. Parce que lire Marie-Hélène Lafon, c’est se frotter à une langue qui suinte, qui transpire, qui ressent, qui vibre. À travers les récits de ces hommes et de ces femmes du Cantal, taiseux, à leur « juste place » dans un quotidien âpre, l’autrice nous livre des corps. Avant tout le reste. Ce sont des histoires de « viande ». Parce que le corps est d’abord l’instrument de travail. Ne plus avoir de corps valable au labeur, c’est déjà être mort. Mais, malgré tout, il y a aussi le corps comme objet de désir. Puissant, animal. Sans qu’il n’y ait d’ailleurs de notion d’amour, de romantisme. Les petites gens de l’univers de Lafon ne s’encombrent pas avec ça, ou du moins ils ne veulent pas. « Ce n’est pas du rôti », ce n’est pas fait pour eux. Pour autant, la plume de Marie-Hélène Lafon se fait sensuelle. Comme pour révéler ce que ses personnages n’osent s’avouer et vivre.

C’est cette plume qui m’a arrimée à Joseph, au Soir du chien, à Nos vies et à Chantiers. Avec Histoires, j’attaque ses nouvelles, première forme littéraire vers laquelle elle s’est tournée quand l’écriture l’a travaillée. Parce qu’elle avait peur de ne pas tenir la distance. Aujourd’hui, comme elle le raconte dans le dernier texte du recueil, elle ne sait jamais si son chantier va donner lieu à une nouvelle ou à un roman. Parfois même il donne naissance à l’un puis, plus tard, à l’autre.

Dans ce recueil, nous croisons des filles qui lavent le dos de leur père, un homme qui se suicide, une femme qui vole et couche avec un abbé, des femmes qui savourent leur instant de tranquillité avant le retour des hommes autour de mazagrans, le Mo que l’on retrouve aussi dans son roman de 2005... L’univers paysan, les rapports complexes et traditionnels entre les hommes et les femmes, l’honneur et la droiture sont toujours là. Ainsi que les viandes.

Je trouve que ce recueil est l’une des meilleures entrées dans l’œuvre de l’autrice pour ceux qui souhaitent la découvrir.

Marie-Hélène Lafon – Histoires – Buchet-Chastel – 315p

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Commentaires
Z
Une autrice que j'apprécie vraiment. J'aime son univers, son écriture. J'ai loupé la sortie de celui-ci, alors, je le note.
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