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LES LECTURES DU MOUTON
16 juillet 2019

« La douce indifférence du monde » de Peter Stamm

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« Je ne veux pas savoir ce que me réserve l’avenir, mais j’aime l’idée qu’il est déjà écrit, que tout ce qui m’arrive est déjà arrivé à quelqu’un, que tout cela a un rapport et un sens. Comme si ma vie était une histoire. Je crois que c’est ça que j’ai toujours aimé dans les livres. Le fait qu’ils sont irrévocables ».

C’est le titre emprunté à L’Étranger de Camus qui attire au départ. Il faut parfois peu de choses. Et puis, la claque pour cette première plongée dans l’univers de Peter Stamm, auteur suisse de langue allemande. Je ne sais pas ce que valent ses autres livres mais, j’ai été impressionnée par celui-ci. Ce roman, en très peu de pages, nous emmène loin, dans une histoire très bien ficelée où nous ne nous sommes pas sûrs à la fin d’avoir trouvé la bonne clé pour ouvrir la porte de l’intrigue.

Pour résumer, le narrateur, un écrivain, donne rendez-vous à une jeune femme, Léna, dans un cimetière de Stockholm. Durant leur promenade, il lui raconte le sentiment étrange qu’il a eu un soir après une rencontre en librairie, en croisant un jeune homme à l’hôtel : « ce n’est que lorsqu’il tint la porte que je m’aperçus que c’était moi ». Le narrateur est convaincu que ce jeune homme est son double et Léna, son amoureuse, le double de Magdalena, une femme qu’il a aimée vingt ans plus tôt. Il est vrai que les similitudes deviennent évidentes, jusqu’au moment où il découvre que l’issue amoureuse n’est pas tout à fait la même…

C’est un roman pas facile à raconter, presque insaisissable. Peter Stamm livre un récit onirique et mélancolique sous forme de mise en abyme. Les frontières entre le présent et le passé sont floues, les événements s’emboîtent, se croisent. Un véritable labyrinthe où la question de l’identité et de la destinée sont les pièces maîtresses. Peut-on changer le cours de nos vies ? Peut-on revenir sur le passé ? Doit-on vivre avec des regrets ?

Je ne peux cependant m’empêcher d’y voir une parabole de l’écrivain, celui qui écrit une vie, la réécrit, en y mettant du sien. Les personnages lui échappent, ils vivent la vie qu’il ne pensait pas faite pour eux. Ils lui échappent parce qu’ils lui ressemblent quoi qu’il en dise. Il est parfois difficile de voir dans un miroir son double de papier.

Un roman qui semble si facile, si fluide alors que c’est un véritable casse-tête chinois. Je valide à 100 %. Je regrette d’ailleurs d’avoir loupé une rencontre avec l’auteur sur Nantes il y a quelques mois. J’espère que c’est partie remise.

Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses.

Peter Stamm – La douce indifférence du monde – Christian Bourgois éditeur – 144p

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