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LES LECTURES DU MOUTON
11 juillet 2019

« Ma dévotion » de Julia Kerninon

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« On oublie souvent que ce sont les ascenseurs qui ont permis les gratte-ciel […]. Avec la naissance de la charpente métallique, les architectes n’ont plus connu de frein à leurs ambitions, et l’ascenseur a permis d’envisager les cimes les plus hautes. Tu te demandes sans doute où je veux en venir. De la même façon, c’est toi, je crois, qui a permis Franck. Et, comme les ascenseurs avec les gratte-ciel, je crains que personne n’en parle jamais ».

Helen croise par hasard Franck dans les rues de Londres. Elle ne l'a pas vu depuis plus de vingt-trois ans. Cette rencontre fortuite incite Helen à faire le bilan sur cet homme qui a partagé plusieurs décennies de sa vie. De leur installation à Amsterdam dans les années 50/60 à leur dernière vie commune en Normandie de 1982 à 1995, Helen raconte cette relation singulière. Elle est un peu tout à la fois : la confidente, l'amie, la soeur, l'amante mais surtout l'âme qui se dévoue à Franck avec peu de reconnaissance en retour. Elle le quitte un temps pour un autre homme mais leurs chemins se croisent à nouveau. Un événement dramatique aboutit à une cassure irréparable.

J’ai ouvert ce livre pour de nombreuses raisons. Parce que j’entends parler en bien de l’auteure depuis un moment. Parce qu’elle est Nantaise. Parce que je l’ai rencontrée chez Coiffard cet hiver et je l’ai trouvée captivante, solaire. J’ai pris mon temps pour la lire.

Autant vous dire que je sors de ma lecture avec des sentiments étranges. Je pourrais vous dire que j’ai plutôt détesté ces deux personnages : l’inconstance et l’individualisme de Franck, la dévotion agaçante et autoflagellante de Helen. Et pourtant, Julia Kerninon a su me ferrer. Je ne parviens pas à expliquer pourquoi son récit a su me toucher alors qu’il enfermait tant de choses qui me laissaient perplexes. Comme une habile magicienne, je l’ai vue sortir le lapin du chapeau devant mes yeux écarquillés. Avec un peu de recul, je pense que la force de ce roman est ce que l’auteure a mis d’elle-même dedans. Le ton est juste. Au fil des pages, on sent une rage qui n’attendait que l’écriture pour se déverser, se libérer. Julia Kerninon, enceinte au moment de l’écriture, a probablement voulu faire l’historique, l’état des lieux de la place de la femme dans notre société à travers le personnage de Helen. Je crois que c’est cette énergie qui a tout emporté. Moi au passage.

Julia Kerninon – Ma dévotion – La brune au rouergue – 300p

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