« Laissez des traces » d’Arnaud Dudek

« La politique, au fond, ce n’est pas différent de l’écriture. Bon nombre de gens ont des idées pour le pays. De même, bon nombre de gens écrivent. Mais à un moment s’opère une sorte de bascule, et c’est assez mystérieux. On se dit que nos idées, que nos pages peuvent intéresser d’autres gens. Qu’elles peuvent faire du bien. Alors on tente d’être lu, ou bien on tente d’être élu. Après, ce n’est qu’une question d’échelle. Quatre cents, dix mille, un million d’exemplaires. Une commune, un département, la France ».

Quand j’ai appris qu’Arnaud Dudek sortait un nouveau livre, j’ai bondi de joie. Puis, j’ai découvert la quatrième de couverture et je me suis assombrie. Mince, il va nous parler de politique. J’ai eu bien tort d’avoir cette réticence car j’ai adoré ce nouveau roman. Je m’en veux d’autant plus que j’aurais dû me douter qu’Arnaud Dudek, avec ce style si personnel, allait m’embarquer sans problème dans les méandres de la vie de maire de Maxime Ronet.

Nous suivons l’ascension de ce jeune Maxime dans les arcanes du pouvoir. Proche du Mouvement dans la capitale, il décide de briguer un mandat local, celui de maire de Neuvilly. Très rapidement, il se rend compte que les grandes idées du sérail sont loin de la réalité quotidienne des habitants. Jeune homme formaté, il peine à saisir tous les enjeux locaux et les nécessités de la population. Les bourdes s’accumulent, les manquements aussi jusqu’au jour où un événement vient tout chambouler, tout remettre à plat.

Arnaud Dudek réussit le pari de rendre son personnage attachant dans ses ambitions, ses idées préconçues mais aussi ses doutes et ses failles. Il nous prend par la main, en s’adressant à nous lecteurs, pour nous montrer les difficultés d’un élu local à gérer son territoire où les moyens manquent, où les préoccupations sont si éloignées de celles de la capitale. Il n’hésite pas à montrer le cynisme ou le caractère incongru de certaines situations. Les chapitres sur le mandat de Ronet alternent avec ceux de son ascension. Loin d’être une critique du milieu politique – même si elle est présente à plusieurs reprises – le roman met en lumière les petits acteurs, ceux dont on ne parle jamais ou si peu. Nous sommes bien loin d’un Balkany dans une grande commune francilienne. Je trouve ce sujet d’autant plus intéressant que la crise des gilets jaunes met justement en lumière depuis plusieurs mois l’abandon des territoires et de leurs habitants.

Arnaud Dudek est un auteur dont j’apprécie livre après livre le style. Non seulement il est toujours d’une grande tendresse envers ses personnages mais il a l’art de faire mouche avec des petits riens qui donnent du cachet à ses romans. Le livre est truffé de détails souvent inutiles à l’histoire mais qui apportent un plus, une marque. C’est la Dudek Touch ! LOL

Un livre que je vous conseille sans réserve tout comme les précédents.

Arnaud Dudek – Laissez des traces – éditions Anne Carrière – 190p

Comments

[zazy]

Un auteur que j'apprécie beaucoup, je note ce titre, j'étais passée à côté. Je vais demander à la bib départementale s'ils peuvent l'acheter