Aude Mermilliod a eu une IVG il y a quelques années. L’événement l’a profondément marqué comme toutes les femmes qui sont passées par cette épreuve. Quelques mois après, une amie lui conseille le livre Le Chœur des femmes de Martin Winckler. Cette lecture la touche. Elle décide de tout raconter dans une bande dessinée et demande à Martin Winckler de lui livrer son expérience de médecin ayant pratiqué des IVG. De ce duo sort un magnifique ouvrage composé de deux parties.
Aude Mermilliod se met à nu dans la première partie. Elle raconte la découverte de sa grossesse, les maladresses des médecins, le manque de soutien de certains proches, notamment de femmes, mais aussi les aides reçues. Elle dévoile les sentiments, les colères qui l’ont traversée, les souffrances physiques comme psychologiques, la solitude. Tout est passé au peigne fin avec sincérité.
La seconde partie raconte la situation de l’avortement avant la loi Veil, la prise de conscience du jeune étudiant de médecine qu’est Martin Winckler à ce moment-là. Une fois diplômé en 1982, ce généraliste se rapproche des plannings familiaux et finit par effectuer des IVG pendant plusieurs années. La BD montre bien le cheminement de Martin Winckler pour la cause des femmes, le passage d’un paternalisme bienveillant à une véritable écoute des patientes. Tenter de se mettre à leur place même si on ne peut pas le faire véritablement mais y réfléchir et faciliter la prise en charge de ces femmes déboussolées et fragiles.
De ces deux voix, nous avons entre les mains une BD militante qui met en avant le corps de la femme, ce corps dont elle est la propriétaire, dont elle devrait être la seule à choisir ce qui lui convient ou pas. À l’heure où nous pensons en France que le droit à l’avortement est un acquis, à l’heure où plusieurs états américains interdisent ou restreignent cet acte, il est d’une importance cruciale de mettre ce livre et d’autres sur le sujet en avant. Ne jamais oublier que rien n’est acquis, tout est un combat surtout quand ça concerne les femmes.
Aude Mermilliod – Il fallait que je vous le dise – Casterman – 168p