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LES LECTURES DU MOUTON
15 mai 2019

« Matador Yankee » de Jean-Baptiste Maudet

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« Harper était naïf et assez réservé avec les femmes mais il n’avait pas eu besoin de tout ce cirque pour remarquer combien Magdalena était belle. Il s’en était rendu compte la nuit même où elle s’était promenée au bras d’Antonio, dans sa toge antique idéalement plissée. Cependant, l’observer de si près et la connaître si peu le troublait bien davantage que ce à quoi il s’attendait. Ce devait être ça avoir envie de faire l’amour en temps de guerre ».

Un homme débarque d’un bus dans le village d’Hermosillo. Il s’appelle John Harper ou Juan Harper, tout dépend à qui il s’adresse. Fils d’une immigrée mexicaine, il a pour père un américain qu’il n’a jamais connu. Dans ses rêves, il imagine être le fils de Robert Redford qu’il admire dans le rôle de Sundance Kid aux côtés de Paul Newman dans ce western des années 60. Comme Robert, il est blond ce qui ne rend pas très visibles ses origines mexicaines. Cependant, el Gringo Torero est un expert dans l’art de la tauromachie. Il aurait pu être l’un des plus grands toreros de cette zone transfrontalière mais il a passé son temps à dilapider de l’argent dans les casinos. L'archétype du looser. C’est une dette de jeu qu’il doit à son ami Antonio qui l’amène à Hermosillo. Il honore la fête annuelle du village en grand héros et il sera quitte de sa dette. Seulement, Harper ne se doute pas qu’il sera amené à monter jusqu’à Tijuana pour retrouver Magdalena, la fille du maire. Un western qui vire au road-trip pour ne pas dire road-movie.

Derrière des personnages hauts en couleur et plutôt attachants, derrière ce John Harper qui passe de figurant au premier rôle malgré lui, Jean-Baptiste Maudet donne à voir une culture transfrontalière tiraillée entre le glamour hollywoodien et la culture populaire mexicaine. John Harper incarne bien cette mixité culturelle que l’on a tendance à oublier, que les populations elles-mêmes oublient. Cette mixité est d'autant plus importante à souligner dans une période où ériger un mur est devenu un sport présidentiel aux States. Une façon comme une autre de jouer sur les préjugés pour mieux les déconstruire.

L’écriture est visuelle, portée par un amour des grands paysages et l’hommage au cinéma hollywoodien. Le récit, plus lent au début du roman, est ensuite mené tambour battant avec la recherche de Magdalena. J’y ai trouvé un petit côté Tarantino par moments et j'ai pensé aussi à Thelma et Louise bizarrement.

Une bien jolie surprise, inattendue. Je remercie d’ailleurs Sylvia Rozelier pour la découverte.

Jean-Baptiste Maudet – Matador Yankee – Le Passage – 185p

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