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LES LECTURES DU MOUTON
9 février 2019

« Saltimbanques » de François Pieretti

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« Je suis resté assis sur le remblai, à m’interdire de bouger. Je voulais qu’elle me rejoigne d’elle-même. Mais les minutes passaient, et, entraîne dans la farandole des danseurs qui avaient envahi l’endroit, je me suis retrouvé sur le parking. Tôt ou tard, il allait falloir que je m’en aille, que je les abandonne et que j’aille tenter de vivre ailleurs. Tout le monde le savait, et, avec les jours qui défilaient, je commençais à comprendre que je n’arriverais jamais à retrouver mon frère, qu’il avait disparu en emportant ses manies et ses habitudes. Traîner avec ses anciens amis ne me rapprocherait pas plus de lui. Ils buvaient, jonglaient, couchaient ensemble. Qui se souviendrait de nous, dans vingt ans ? Je ne pouvais que les regarder et essayer de le faire vivre parmi eux, mais il n’y avait jamais personne là où je posais les yeux et je savais qu’en reprenant ma voiture je disparaîtrais, moi aussi ».

Nathan, vingt-six ans revient chez ses parents pour l’enterrement de son frère de dix-huit ans. Parti du domicile familial depuis plus de huit ans, il a eu très peu de contacts avec Gabriel avant sa disparition tragique. L’envie se fait sentir de le comprendre, de tenter de connaître la vie qu’il avait. Nathan court après l’ombre de Gabriel en fréquentant ses amis. Jongleurs, acrobates, ils sont ce qu’on appelle des saltimbanques, des artistes de rue. Il finit par les suivre dans leurs représentations. Rapidement, il est attiré par l’une des plus proches amies de son frère : Appoline.

Sans le savoir, au fur et à mesure, Nathan, en cherchant son frère, tente de se trouver lui-même. La solitude est devenue une compagne de longue date et il ne semble pas savoir vers quelle direction aller. Il est perdu mais au final il est loin d’être le seul. Dans ce roman, le saltimbanque est celui qui fait illusion, qui se donne en spectacle pour combler un vide, un sentiment d’inutilité. Tous les personnages que croise Nathan sont touchés par ce fléau si moderne. Alors que nous n’avons jamais été autant connectés au monde, nous n’avons jamais été aussi seuls.

François Pieretti livre un premier roman très maitrisé où l’histoire importe finalement peu par rapport à l’évolution du personnage de Nathan. Serait-ce le roman d’une jeunesse désenchantée ?

 

François Pieretti – Saltimbanques – Viviane Hamy – 235p

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