« J’aimerais beaucoup que vous me donniez le bras, j’ai dit. J’aimerais qu’on le fasse simplement, sans se poser de question. Juste parce qu’il me semble qu’on en est là, à se prendre le bras. Et que, si on le faisait pas, ça ressemblerait un peu à un mensonge.
Elle a écarquillé les yeux en ralentissant un peu son allure.
On pourrait le faire assez vite, j’ai ajouté, avant d’arriver au funiculaire. Après, on sait pas trop comment ça va se passer ».
Après la Tchécoslovaquie avec Tomas Kusar début 2017, Antoine Choplin nous emmène cette fois-ci au Chili avec Ernesto. Cet astronome travaille sur les nuages de Magellan à l’observatoire de Quidico. Au début du roman, il est à Santiago pour obtenir le financement d’une nouvelle lame de Schmidt nécessaire pour Walter, son vieux télescope. À cette occasion, il se rend au musée de la Mémoire où il retrouve une photographie de Paulina, son ancienne compagne. C’est aussi dans ce lieu qu’il rencontre Ema. Très rapidement, ces deux êtres se lient et découvrent qu'ils ont en commun un passé douloureux lié aux temps de la dictature.
Avec une économie de mots, une simplicité d’écriture de façade, Antoine Choplin nous plonge dans les méandres de la reconstruction après la dictature de Pinochet. Les deux personnages ont vécu chacun à leur manière cette époque trouble et l’auteur parvient à raconter leurs sentiments, leurs douleurs, leurs silences avec pudeur, douceur et surtout justesse. Nous nous laissons porter par ce récit de la résilience où Ernesto et Ema ne savent plus comment faire pour aimer à nouveau. Ils ont tellement perdu, tellement de chaînes aux pieds qu’ils n’osent plus, de peur de souffrir à nouveau.
Antoine Choplin est un auteur d’une grande discrétion qui forge une véritable œuvre où la contemplation, la poésie ont toute leur place. Un auteur à découvrir si vous ne connaissez pas.
Petite mention pour la liste de mots en début de chaque chapitre que le lecteur retrouve au fil de la lecture.
Antoine Choplin – Partiellement nuageux – La fosse aux ours – 140p
