çaracontesarah

« Ça raconte Sarah, sa beauté inédite, son nez abrupt d’oiseau rare, ses yeux d’une couleur inouïe, rocailleuse, verte, mais non, pas verte, ses yeux absinthe, malachite, vert-gris rabattu, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte le printemps où elle est entrée dans ma vie comme on entre en scène, pleine d’allant, conquérante. Victorieuse ».

Ça raconte Sarah, une tornade de trente-cinq ans qui fait irruption avec éclat dans la vie de P. un 31 décembre. Ça raconte une évidence, celle de l’amour quand il vous tombe dessus au moment où l’on s’y attend le moins. Ça raconte la passion folle de deux femmes qui s’aiment comme une tempête, avec cette envie aussi absurde que nécessaire de ne faire plus qu’un corps. Ça raconte aussi la tendresse, l’attente après une pourtant brève séparation, le partage des choses de la vie, un bain ensemble, une mèche de cheveux remise à sa place, là, juste derrière l’oreille de l’être aimé. Alors que P. traverse une période de « latence », Sarah vient tout bousculer comme seul l’amour peut le faire. Les mois passent, l’amour fait parfois mal, détruit un peu par son exigence, sa nécessité, son besoin d’entièreté. L’être aimé semble s’éloigner mais un mal plus grave ronge le couple : la maladie.

Ça raconte P. après la tornade Sarah de symbole S, au fin fond de Trieste. Le corps est endolori, l’âme errante, le cœur meurtri. P. a fui Paris, sa vie sans Sarah. Elle oscille entre l’enfermement et le besoin de retrouver une liberté, d’en jouir malgré tout. Ça raconte P. qui fait le bilan de sa relation avec S., qui se demande pourquoi elle vit ça. Mais les choses ont-elles un sens ? Ça raconte comment on peut mourir d’amour au propre comme au figuré… en somme ça raconte nous…

Pauline Delabroy-Allard – Ça raconte Sarah – éditions de Minuit – 190p