« La vraie vie » d’Adeline Dieudonné

« J'aurais aimé que quelqu'un, un adulte, me prenne par la main et me mette au lit. Replace les balises dans mon existence. M'explique qu'il y aurait un lendemain à ce jour, puis un surlendemain, et que ma vie finirait par retrouver son visage. Que le sang et la terreur allaient se diluer. Mais personne n'est venu ».

Le Démo. Des pavillons comme des préfabriqués. Un père qui travaille dans un parc d’attractions. Une mère qui s’occupe de ses chèvres. Un petit frère, Gilles, qui aime les glaces. Une vie qui pourrait être bien banale pour une jeune fille de onze ans. Mais, il ne faut jamais se fier aux apparences. La maison abrite une pièce remplie d’animaux sauvages empaillés, trophées de chasse d’un père violent qui, quand il ne tabasse sa femme, passe son temps sur le canapé devant la télé avec une bouteille de Glenfiddich en main. Une ambiance glauque et malsaine règne.

Et puis, la vie bascule avec un stupide accident. Elle se sent responsable mais ce n’est rien à côté de Gilles qui est traumatisé. Elle se met en tête de lui redonner la joie de vivre mais Gilles adopte un comportement de plus en plus étrange…

Il m’arrive souvent d’accrocher à un roman mais il est un peu plus rare que je sois tellement captivée au point de ne plus le lâcher. J’ai lu d’une traite ce premier roman d’Adeline Dieudonné, Tout m’a plu : le style, le ton, l’intrigue, la manière dont l’auteure oscille entre légèreté et grande violence. Roman initiatique, La vraie vie traite de façon crue les rapports hommes/femmes, le poids des traumatismes de l’enfance, la violence mais aussi l’amour sous toutes leurs formes. Récit proche du cauchemar, l’héroïne lutte pour survivre en se donnant une mission : aider son frère à reprendre vie. C’est touchant, c’est cruel et nous sommes plongés dans une ambiance un peu à la Stephen King (toutes proportions gardées). J’y ai vu aussi une parabole du passage de l’enfance à la vie adulte : l’adolescence est la période de la vie où on lutte contre ses démons, où on affronte et combat ses peurs pour être enfin libre et soi-même.

Une entrée dans le monde littéraire assez sauvage mais royal pour Adeline Dieudonné qu’il faudra suivre de près.

Adeline Dieudonné – La vraie vie – L’Iconoclaste – 266p