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« Un auteur à suivre », tels sont les mots que je disais dans ma chronique de Danse d’atomes d’or en novembre 2016 (lien sous la présente chronique). Je suis heureuse de ne m’être pas trompée ! Olivier Liron signe un second roman d’une grande beauté et humanité, dans la ligne droite de sa pièce de théâtre La vraie vie d’Olivier Liron.

En 2012, Olivier Liron, jeune homme de vingt-cinq ans, décide de participer au célèbre Questions pour un champion. Pendant tout un été, il s’enferme pour ingurgiter des listes impressionnantes d’informations, dates, définitions ; tout ce que son cerveau peut absorber. Et à ce petit jeu, nul doute que son cerveau est un indéniable atout. Autiste Asperger, la mémoire est sa force. Seulement voilà, qu’est-ce qui peut bien pousser un jeune homme à se jeter tête baissée dans ce défi fou, pris à bras-le-corps, comme si sa vie en dépendait ?

« Je me suis rempli la tête d’informations pour peupler ma solitude. Pour oublier l’essentiel, pour dompter l’absence et le chagrin. Comme si apprendre des milliers d’informations sans queue ni tête, peupler la mémoire était un vrai reflexe de survie ».

Depuis son enfance, la vie d’Olivier Liron est loin d’être un long fleuve tranquille. Sa différence lui fait connaître très tôt la violence de notre monde qui n’accepte pas les personnes qui sortent du lot. Il devient solitaire, timide et ne trouve refuge que dans la botanique et les mots. Mais Olivier veut une revanche, veut se battre, veut prouver qu’il est… mais qui exactement ? Telle est la question centrale de ce roman aux allures de quête initiatique. Le héros ne sait pas vraiment ce qu’il veut mais finit par trouver une voie, sa voie. Olivier Liron raconte les coulisses de ce jeu télévisé célèbre tout en évoquant par flashbacks sa vie, son intimité, son rapport aux autres et à lui-même, toute la cruauté et les espoirs. Le récit est mené tambour battant, au rythme saccadé des questions de Julien Lepers. On oscille sans cesse entre un humour incroyable, une émotion à fleur de peau et une poésie. Ces trois éléments étaient déjà présents dans son premier roman et sont véritablement sa marque de fabrique. Un subtil mélange des genres qui nous maintient en haleine et nous touche profondément. Nous prenons plaisir à voir notre héros télévisé se transformer, trouver son chemin après le jeu. Une vie où les mots restent présents, importants mais où le corps prend enfin sa place. La communion de l’esprit et du corps, n’est-ce pas la clé du bonheur ?

Olivier Liron – Einstein, le sexe et moi – Alma éditeur – 200p