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LES LECTURES DU MOUTON
11 septembre 2018

« Simple » de Julie Estève

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« La chaise, elle est perdue comme moi au soleil, et le soleil craque sur ma tête mais je m’en cogne d’être rouge, d’être fou de chaleur, j’en profite parce qu’il chasse les autres dans les lits et les fauteuils à bascule, ils dorment dans leur coin et moi, j’ai la paix ! Là, on entend rien que les mouches et les frelons qui passent et qui dérangent le silence, on leur dit rien à eux, ils sont peinards les insectes ».

« Franchement j’ai été bluffée par l’auteur. J’ai l’impression qu’on a affaire à du très lourd et j’espère que Julie Estève transformera le bel essai dans un second roman, avec une histoire qui me conviendra davantage ». Cette phrase est tirée de ma chronique de Moro-Sphinx en mars 2016. Depuis, j’ai lu Simple et je vous confirme que Julie Estève c’est du lourd et je suis totalement conquise par l’histoire. Gros coup de cœur.

Nous sommes dans un village montagneux corse. On enterre un homme, Antoine Orsini. Cet homme était le baoul, l’idiot du village, celui dont tout le monde se joue. Nous pouvons penser que le roman va nous conduire au pourquoi de la mort d’Antoine. Oui et non. Julie Estève, à notre grande surprise, lui donne la parole. Dans un monologue avec une chaise cassée, bancale, fêlée comme lui, il livre son vécu dans le village, avec sa famille, avec son curieux ami Magic, avec le voisinage et surtout avec Florence Biancarelli, la fille la plus courtisée du village. Mais Florence est retrouvée morte... Antoine est un homme simple d’esprit mais non dénué de logique, sentant parfois les choses à l’instinct. Il est cependant aussi violent par moment. Alors, est-il le coupable comme les villageois l'annoncent ? Florence n’avait-elle pas d’autres histoires secrètes et animosités dans le coin ?

Comme une enquête, nous suivons les histoires d’Antoine pour découvrir le mystère de la mort de Florence. C’est l’occasion aussi de voir la façon dont le baoul est traité par les autres : un père qui le déteste, des gens qui jouent de son handicap pour mieux cacher la vérité.

Un roman d’une profonde justesse où Julie Estève a su avec brio se fondre dans son personnage. Il n’est pourtant pas simple (sans mauvais jeu de mots) de l’incarner. Je me suis attachée au baoul et pas par pitié mais parce qu’il est plus malin, plus fin, plus à l’écoute que les gens « normaux » qui le côtoient. J’ai été triste, écœurée, révolté avec lui. Là où Moro-Sphinx décontenançait par une structure particulière, Julie a gagné en puissance romanesque avec Simple. Les éléments arrivent au compte-goutte, juste au moment qu’il faut pour entrainer le lecteur dans une enquête qu’il ne souhaite pas lâcher jusqu’au bout. Un roman à l'écriture forte et mené avec brio. Je suis définitivement fan de Julie.

Julie Estève – Simple – Stock – 205p

Du même auteur : 

" Moro-sphinx " de Julie Estève - LES LECTURES DU MOUTON

" Le goût de trop et heureux de tout à l'heure, c'est de la trouille maintenant. Un amas de trouille mâchée, mou comme du plâtre frais. Elle sent la chose grimper le long de la gorge, un serpent filandreux et lent. Ça va sortir. Faut que ça sorte, vite.

http://www.leslecturesdumouton.com
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