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LES LECTURES DU MOUTON
23 août 2018

« K.O. » d’Hector Mathis

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« Il était normal à une époque sans génie qu’on ne fasse que constater celui des siècles passés. Elle était si pauvre, notre époque. Elle mettait en relief toutes les autres ».

Un style, une langue, une musicalité, une façon de raconter une histoire et une réalité. C’est en résumé ce qui attend le lecteur en ouvrant le premier roman d’Hector Mathis.

Roman de fulgurance, brutal tout en étant poétique. J’ai eu l’impression qu’il a été écrit d’une traite comme ma lecture, animé par un sentiment d’urgence, de rage peut-être. Une force et un vomissement : les atouts d’un auteur de la « grisâtre ».

« Me voilà bien seul, maintenant ». Sitam est en banlieue, cette fameuse grisâtre. Il fait la rencontre d’Archibald – du moins c’est le nom qu’il lui donne – sorte de clochard céleste qui n’hésite pas avec une gouaille et un verbe haut, entre deux quintes de toux, à donner son avis sur un monde désenchanté. Ce désenchantement, Sitam le connaît bien. Il a fui avec sa compagne, la môme Capu, un soir quand a surgi « la grande fête foraine des horreurs en plein Paname ». Un train de nuit, le voyage : Belgique, Amsterdam. Une envie, une nécessité de quitter un chaos, de faire de nouvelles rencontres. Trouver une nouvelle mélodie, faire de sa vie un poème, coucher sur le papier ce qu’on ressent là, dans les tripes. Mais la maladie rattrape et ramène aux sources. Qu’on le veuille ou non, « la vie n’est qu’une foutue partition pour détraqués ».

Je ne sais pas si on sort véritablement K.O. de ce roman mais on ressort marqué par le rythme de la langue, par l’évocation de thèmes forts : la mort, l’amitié, la pauvreté, le béton de la banlieue. On y trouve aussi un auteur qui a besoin, comme Sitam, d’accoucher ses rages et ses beautés sur le papier. Et c’est foutrement bien fait !

Hector Mathis – K.O. – Buchet-Chastel – 208p

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Commentaires
N
Une de mes belles découvertes de cette rentrée ! J'essaye encore de trouver les mots pour en parler...!
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