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LES LECTURES DU MOUTON
9 août 2018

« Les cosmonautes ne font que passer » d’Elitza Gueorguieva

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« Sur le chemin du retour, le soupir de ton grand-père communiste nostalgique continue de résonner dans tes oreilles comme un souffle qui remue les sapins du film soviétique ou comme les vagues de la mer Rouge en pleine tempête. Tu as envie d’accomplir son rêve, à sa place, malgré le retard, bien que tu n’aies aucune idée de comment t’y prendre. Tu lèves le regard – ta balade pensive t’a menée sur le terrain de jeux derrière ton immeuble, droit devant la fusée en métal rouillé. Tu lui tournes autour, plusieurs dizaines de fois, jusqu’à entrer en transe, et c’est dans cet état mouvementé que tu prends une décision existentielle : tu vas devenir Iouri Gargarine et adhérer à la conquête spéciale… »

Fin des années 80 dans la Bulgarie communiste. Une petite fille de sept ans veut se lancer dans la « conquête spéciale » ; elle sera Iouri Gargarine, le héros soviétique dont son école porte le nom. Elle veut faire honneur à son grand-père, « vrai communiste » (parce qu’il en existe des faux). Mais, tout ne se passe pas comme prévu. Sa mère lui fout notamment dans les pattes la brillante Constantza qui devient sa meilleure amie/ennemie. Mais surtout, le bloc soviétique s’effondre et devenir Iouri Gargarine n’est plus un bon plan de carrière. L’ouverture à l’ouest lui fait découvrir Kurt Cobain. C’est décidé, elle sera grunge… dommage qu’il décide de se foutre en l’air…

Sur un ton décalé, plein de peps, Elitza Gueorguieva raconte les péripéties d’une petite fille en Bulgarie de la fin des années 80 aux années de transition. C’est un roman initiatique où les grands événements de l’histoire collent avec la situation personnelle de l’héroïne. Son enfance coïncide avec les idéaux, les rêves, les illusions du communisme et son adolescence rejoint les années de transition, une période de grande dureté où tout n’est que désillusion. L’apprentissage de la vie qui mène à l’état adulte dans un cadre géopolitique tourmenté.

Les courts chapitres comme autant de mini-chroniques donnent une grande fluidité au récit. J’ai cependant été dérangée par la narration à la deuxième personne du singulier qui n’apporte pas grand-chose selon moi (même si j’ai conscience que c’est une mise à distance de la petite fille à jamais « révolue »). Un roman agréable à lire.

Elitza Gueorguieva – Les cosmonautes ne font que passer – Folio – 185p

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