« Faire mouche » de Vincent Almendros

« Malgré la chaleur, je ne baissai pas la vitre. J’adressai à ma cousine un dernier signe de la main et tournai la clé pour allumer le moteur. Je sentis sur mon visage le souffle de la climatisation. Je regardai vers l’arrière pour manœuvrer.

Après avoir reculé, je fis un demi-tour et redescendis en direction du chemin cahoteux, guettant, dans le rétroviseur central, la silhouette de ma cousine qui regardait la voiture s’éloigner, immobile, les bras croisés dans une posture de reproche. J’aurais aimé lui conseiller de tourner la page, mais, de ce ton glacial qu’elle pouvait avoir lorsqu’on évoquait certains sujets, elle m’aurait demandé quelle page. Quelle page, Laurent, veux-tu que je tourne ? »

Laurent débarque un été à Saint-Fourneau, un petit village du rural profond dans lequel il a passé son enfance. Constance, sa femme enceinte l’accompagne. Ils viennent assister au mariage de Lucie, la cousine de Laurent. Ils s’installent dans une maison appartenant à son oncle, oncle qui vit avec sa mère depuis le décès du père. Bref, rien de bien particulier « mais soyons honnête, le problème n’[est] pas là ».

Tout ce qui peut sembler banal ne l’est pas tant que cela. Le lecteur sent que quelque chose cloche : la mère de Laurent est particulière, le frère de Constance appelle et laisse des messages sans cesse, Laurent et Constance eux-mêmes se comportent bizarrement. Le lecteur enquête, traque les indices pour connaître le fond du « problème ». Vincent Almendros, avec son écriture fluide, cherche à  nous balader pour aboutir au vrai nœud du problème, celui que personne n’aura vu, qui va « faire mouche ».

Mais le vrai « problème » est que j’ai deviné très rapidement l’issue du roman. Je ne suis pourtant pas un fin limier. Tout finit donc par tomber à plat et la fin déçoit forcément. C’est bien dommage car j’ai bien aimé le style sobre de l’auteur. Faire mouche n’est peut-être pas, au final, son meilleur roman (mais n’ayant pas lu les précédents, il est difficile de me faire un avis définitif).

Vincent Almendros – Faire mouche – Les éditions de Minuit – 128p