27 février 2018

« L’enlèvement des Sabines » d’Emilie de Turckheim

« Tu ne peux pas imaginer comme la violence a le sommeil léger. Elle dort juste sous la peau des hommes, un rien la réveille ». Sabine a la petite quarantaine et nous pouvons dire que sa vie est loin d’être un fleuve tranquille. Elle est harcelée sans cesse au téléphone par sa mère, son mari est très dur envers elle, elle est atteinte de myodésopsie (mouches devant les yeux). Le jour où elle décide de quitter son travail pour faire de la poésie, on atteint le pompon. Lors du pot de départ, elle reçoit en cadeau une sex doll,... [Lire la suite]
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26 février 2018

« Du tout au tout » d’Arnaud Le Guilcher

« Actuellement, on est dans le règne de la médiocrité… Ce n’est pas chaud, ce n’est pas froid. Pas dur, pas mou. Pas humide, pas sec. C’est un marécage… On ouvre sa télévision, son ordinateur, sa radio et elle est là, elle nous accompagne, elle nous façonne. Nous devenons médiocres à son contact… Chansons médiocres, films médiocres, émissions médiocres nous procurent des émotions moyennes… C’est un régime sans partage la médiocrité, mais ça demeure fragile. Il a fallu éduquer le public pendant des décennies pour l’éloigner à ce... [Lire la suite]
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25 février 2018

« Les justes » d’Albert Camus

« DORA. Une seconde où tu le regarderas ! Oh ! Yanek, il faut que tu saches, il faut que tu sois prévenu ! Un homme est un homme. Le grand-duc a peut-être des yeux compatissants. Tu le verras se gratter l’oreille ou sourire joyeusement. Qui sait, il portera peut-être une petite coupure de rasoir. Et s’il te regarde à ce moment-là… KALIAYEV. Ce n’est pas lui que je tue. Je tue le despotisme. DORA. Bien sûr, bien sûr. Il faut tuer le despotisme. Je préparerai la bombe en scellant le tube, tu sais, au moment le... [Lire la suite]
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23 février 2018

« Le cas singulier de Benjamin T. » de Catherine Rolland

« J’étouffais. L’inconnu, à moitié couché sur moi, me parlait toujours à voix basse. Je ne comprenais pas ce qu’il disait. Le martèlement que j’avais pris au début pour le vacarme de l’IRM en fonctionnement n’avait pas cessé, et je compris brutalement que c’étaient des pas que j’entendais, le raffut de dizaines de talons claquant sur le sol, juste au-dessus de nous. Des voix fusaient, nombreuses, virulentes. Des ordres étaient donnés, dans une langue étrangère. De l’allemand ». Quand j’ai lu la quatrième de couverture de... [Lire la suite]
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21 février 2018

« Fugitive parce que reine » de Violaine Huisman

« On nous avait expliqué que maman était malade – il y avait pire encore que maniaco-dépressive après tout, il y avait malade, ta mère est malade. L’adjectif dans ce contexte paraissait sans rapport avec une indisposition passagère, les maladies courantes dont nous avions pu faire l’expérience, les maladies du tout-venant. L’adjectif semblait définitif, il luisait d’une aura singulière comme un front cireux sur lequel une sueur mortuaire s’est glacée, comme la gelée fige le bœuf aux carottes. Cette épithète accablante ne... [Lire la suite]
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19 février 2018

« Les corps électriques » de Manuel Blanc

« Mon dos musclé, mes fesses, mes cuisses croisent avec le métal, la barre vibre, frotte mon sexe. Jambes à l’horizontale, je glisse, stoppe à vingt centimètres du sol, remonte comme une flèche jusqu’au plafond. Tête renversée, une main lâchée, dégrafer mon bustier, le jeter, regarder les mâles, fixer ces gros bébés l’un après l’autre, que chacun se sente unique – tu les aimes mes seins, tu bandes ? Corps informes trop sages autour de sexes minuscules, à peine gonflés. Dans ce salon, entre amusement et gêne, la tension est... [Lire la suite]
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18 février 2018

« Six degrés de liberté » de Nicolas Dickner

« Éternel retour à la case départ : tout le monde est similaire jusque dans la différence. Il a fallu vingt ans de GeoCities, de Tumblr et de Facebook pour en arriver à cette conclusion collective ». Lisa mène une vie plan-plan avec ses parents divorcés dans la campagne montréalaise. Sa seule grande sortie du week-end, elle la fait avec sa mère : c’est le tour d’IKEA, symbole du consumérisme moderne. Elle veut tuer l’ennui, aspire à la liberté. Son ami d’enfance Eric est agoraphobe mais un véritable pro du hacking.... [Lire la suite]
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15 février 2018

« La mise à nu » de Jean-Philippe Blondel

« Il prend le fusain et le carnet sur le bar. Crissement léger du crayon sur le papier. Un frisson naît au bas de mon dos et remonte lentement jusqu’à ma nuque. Va-et-vient des yeux d’Alexandre de mon corps à ses doigts. Il s’absorbe dans sa tâche. Je prends une profonde inspiration. Je voudrais retrouver une sérénité. Je me perds dans la contemplation du mur par-delà l’épaule d’Alexandre. Peu à peu les angles s’adoucissent. Devant mes yeux, de petits cercles lumineux. Des poussières phosphorescentes. Des couleurs naissent. Le... [Lire la suite]
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13 février 2018

« Ne préfère pas le sang à l’eau » de Céline Lapertot

« L’eau, ce ruisseau indispensable au paisible écoulement de nos jours. L’eau, ce diamant précieux et vital, qu’on s’arrache des mains comme des chiffonniers. On fait bêtement couler le sang pour ce qui relie la totalité de l’humanité. Ce trésor qui nous abreuve et qui nous lave, cette eau qu’on laisse couler sous la douche quand on se perd dans nos pensées, on chie dedans quand d’autres sont à genoux pour lécher le fond des mares. Ils se prosternent devant leurs trois ou quatre gouttes de pluie, quelques fois dans l’année.... [Lire la suite]
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07 février 2018

« Une verrière sous le ciel » de Lenka Horňáková-Civade

« Dans les contes de mon pays il y a souvent trois fées qui se penchent sur le berceau du bébé pour lui prédire son destin, lui prodiguent des talents, lui souhaitent une vie de telle ou telle couleur, sous de bons auspices ou au contraire pleine d’embûches. À quoi cela tient-il ? À leur bonne humeur ? Elles-mêmes, disposent-elles d’un contingent d’offrandes décidées au préalable et qu’elles ont pour mission de distribuer ? Contingent fixé par qui ? Si les parents préparent un goûter généreux, peut-être... [Lire la suite]
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