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« J’étouffais. L’inconnu, à moitié couché sur moi, me parlait toujours à voix basse. Je ne comprenais pas ce qu’il disait. Le martèlement que j’avais pris au début pour le vacarme de l’IRM en fonctionnement n’avait pas cessé, et je compris brutalement que c’étaient des pas que j’entendais, le raffut de dizaines de talons claquant sur le sol, juste au-dessus de nous. Des voix fusaient, nombreuses, virulentes. Des ordres étaient donnés, dans une langue étrangère. De l’allemand ».

Quand j’ai lu la quatrième de couverture de ce roman, j’ai eu une envie folle de le découvrir mais j’ai eu aussi peur que ce soit un ratage complet. En effet, Catherine Rolland s’est attaquée à un sujet très casse-gueule.

Benjamin Teillac vient d’être quitté par sa femme. Son fils s’éloigne de lui et il risque sa place d’ambulancier où son chef est… le nouveau compagnon de son ex ! Heureusement, il a le soutien de son collègue et meilleur ami David. Cependant, des crises d’épilepsie surviennent. Devenant de plus en plus fréquentes et longues, il finit par consulter une spécialiste. Mais, en plus de l’épilepsie, il a des visions. A chaque crise, il se retrouve dans le corps d’un autre Benjamin, maquisard en Haute-Savoie pendant la Seconde Guerre mondiale. A quel moment s’opère la bascule entre le rêve et la réalité ? Est-on à la limite de la folie ? Peut-on changer son passé ou même de vie ?

Catherine Rolland a réussi l’exploit de faire de ce sujet compliqué un très beau roman que j’ai eu grand plaisir à lire. La construction est remarquable, sans fausse note, d’une solidité à toute épreuve. L’écriture est belle sans en faire trop et très rythmée. Toute roule, tout coule de source.

J’ai beaucoup aimé les réflexions sur l’identité et le travail psychologique des personnages : c’est loin d’être simple à faire. Je trouve juste que le début est un peu long, le temps que le récit prenne forme, mais franchement vu la suite, c’est un détail. Je verrais bien ce récit transposé sur écran, l’intrigue étant suffisamment riche et complexe pour ça.

Vous ne pouvez que passer un bon moment avec ce roman original et divertissant à souhait. Merci Catherine Rolland.

Catherine Rolland – Le cas singulier de Benjamin T. – Les Escales – 346p