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LES LECTURES DU MOUTON
28 novembre 2017

« Bakhita » de Véronique Olmi

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« Elle devine les corps endormis dans l’odeur atroce et les bruits intimes, et elle décide qu’elle veut bien s’appeler Bakhita. Elle décide ça, elle l’accepte. Bakhita. Abda. L’esclave. Comme les femmes et la toute petite dans ses bras. Elle dit oui. Et puis elle se rendort. Elle glisse dans un rêve dans lequel sa mère la tient contre elle. Elle cherche les mots pour lui dire qu’elle l’aime, la rassurer, mais elle l’aime tant qu’elle ne trouve pas les mots. Pour cet amour-là, il n’y en a pas ».

Il est des personnes qui ont des destins tellement extraordinaires qu’on a l’impression qu’elles sortent tout droit d’un roman. C’est le cas de Bakhita, personnage tellement romanesque que Véronique Olmi ne pouvait que lui consacrer un roman. Cette rencontre s’est pourtant faite par hasard : Véronique Olmi visitait une église et est tombée sur une plaque l’évoquant. Des recherches et vraisemblablement une évidence.

Nous sommes dans le Darfour, dans le village d’Olgassa en 1876. Une petite fille de sept ans est enlevée de son village par des vendeurs d’esclaves. La peur lui fait oublier son propre prénom. Rebaptisée Bakhita – qui signifie ironiquement « chanceuse » - elle est achetée avec la jeune Binah par un riche Arabe. Par la suite, elle arrive chez le consul d’Italie, Signore Lignani qui la traîte un peu mieux. Jusqu’au jour où elle finit par aller en Italie où, une fois libre, elle devient la Madre Moretta en se consacrant à l’Église. Elle est canonisée en 1992 par Jean-Paul II.

Avec des chapitres longs mais un récit vif, direct, sans pathos, Véronique Olmi redonne vie à Bakhita et nous montre le courage surhumain qu’elle a dû avoir pour affronter les multiples épreuves de sa vie. La première partie du récit est magistrale même si la violence est omniprésente et à la limite du soutenable. La seconde partie m’a laissée un peu plus sur le côté. Tous les passages sur l’arrivée en Italie, l’affranchissement et l’appel à Dieu m’ont moins convaincue. Je les ai trouvés moins romanesques. Heureusement, j’ai retrouvé le fil du livre et un regain d’intérêt avec l’écriture de ses mémoires – Storia Meravigliosa – et l’utilisation de celles-ci pour la propagande mussolinienne.

Du coup, j’ai trouvé le récit un peu inégal mais, très franchement, ce roman reste une belle réussite. Véronique Olmi est véritablement habitée par son personnage, émue par ce destin hors du commun. Elle lui rend un très vibrant hommage.

Véronique Olmi – Bakhita – Albin Michel – 460p

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