tuépapa

« J’oublie tout ;

Le pourquoi de ces je-n’y-arrive-pas, le pourquoi de mes coups de pied soudainement jetés à tout-va, de mes cris, de ma rage rouge. De ma disparition dans un ailleurs où je suis à l’abri, apaisé. Enfin. Loin de cet atelier à la noix qui ne sert à rien, loin de tout. Des gens, des voix, des sons, de la lumière et des odeurs. Et j’ignore comment je me retrouve une heure plus tard, allongé dans mon lit, les chevilles brûlantes, en train de cligner des paupières, encore et encore.

Mes yeux, interrupteurs effrénés, fragmentent le temps en secondes pour lui échapper.

Pour me cacher de ce qui fait mal ».

Ce récit d’à peine 110 pages et à l’écriture aérée ne paie pas de mine mais quelle claque ! Ce roman choral raconte le quotidien d’un garçon autiste (syndrome d’Asperger) avec ses parents. Nous avons tout à tour la vision d’Antoine, de sa mère Clémence et de son père Jacques. Le quotidien est forcément complexe pour tout le monde mais leurs vies basculent véritablement le jour où Jacques a un grave accident.

Avec simplicité et intensité, Mélanie Richoz a su parfaitement retranscrire la personnalité complexe de l’autiste mais aussi les difficultés des parents. L’auteure connaît bien son sujet puisqu’elle travaille avec des enfants atteints de ce trouble. C’est un récit brillant, intelligent, grave, drôle par moments qui permet de donner une autre vision de l’autisme. Pas de pathos, pas d’effets, juste la beauté et la tristesse des instants de vie. Je suis ressortie bouleversée de cette lecture. À lire absolument !

Mélanie Richoz – J’ai tué papa – Slatkine et cie – 110p