« Par le vent pleuré » de Ron Rash
« Un autre souvenir me revient, pas de la toute dernière fois où j’ai vu Ligeia, mais d’une semaine avant sa disparition, un truc banal et pourtant bien net. Les mystères de la mémoire. Il y a certainement une explication scientifique au fait que le cerveau décide : Ne lâche pas ce truc-là. J’ai lu des romans et je suis incapable de dire le nom d’un seul des personnages, et pourtant je me rappelle un vélo rouge entraperçu un jour dans la vitrine d’une quincaillerie, un grain de beauté sur le menton d’une inconnue, une allumette abandonnée à côté de l’âtre d’une cheminée. Ces souvenirs persistent, tout comme celui de Ligeia qui plonge la main dans son casier, et du livre coincé au creux de son bras qui glisse et s’en échappe ».
Sylva, une petite ville dans les Appalaches en 1969. Deux frères, Bill et Eugene passent leur été à travailler et à tuer le temps, entourés de leur mère veuve et de leur grand-père médecin et tyrannique. Au détour d’une balade au bord de la rivière, il croise une jeune fille inconnue. Elle s’appelle Ligeia et passe ses vacances avec son oncle et sa tante. Elle a un lourd passé hippie et surtout de fugueuse. Directe, peu conventionnelle, elle fascine les deux jeunes adolescents qui vont tomber sous son charme. Mais, un jour, elle disparaît sans laisser de traces. À l’image de l’héroïne de la nouvelle d’Edgar Allan Poe dont elle porte le nom, la jeune fille connaît un destin tragique qui refait surface aux frères quarante ans plus tard. Ce « retour » de Ligeia dans leur vie les oblige à se replonger dans des souvenirs douloureux et à faire le point sur leur vie d’adulte.
Le récit alterne ainsi entre les événements de 1969 et l’enquête de nos jours avec à chaque fois comme narrateur Eugene. C’est un roman agréable à lire qui décrit assez bien les premiers émois adolescents et les affres de la vie d’adulte. L’ambiance hippie et les paysages des Appalaches ressortent bien et donnent du cachet à l’ensemble. Cependant, je trouve qu’on devine un peu trop facilement le dénouement de ce roman noir. De même, il est de facture assez classique, il manque une dynamique pour se sentir accroché par l’histoire. Bref, un roman qui permet de passer un bon moment mais il ne faut pas trop en attendre.
Ron Rash – Par le vent pleuré – Seuil – 200p
Chronique faite dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire chez lecteurs.com :
Dans une petite ville paisible au coeur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d'ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s'appelait Ligeia, et personne...
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