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« Vous pouvez juger Charlotte Kramer pour sa cigarette. Pour le fait qu’elle a des envies secrètes qu’elle ne peut pas contrôler. Qu’elle ne dit pas toute la vérité. Qu’elle ne raconte pas toute sa vie à son mari. Mais si vous jugez Charlotte, je vais devoir vous traiter d’hypocrites.

Personne, aucun d’entre nous, ne montre à qui que ce soit tout ce qu’il est. Et si vous croyez l’avoir fait, alors posez-vous ces questions : Avez-vous déjà fait semblant d’aimer un plat infect cuisiné par votre femme ? Ou dit à votre fille qu’elle était jolie dans une robe immonde ? Avez-vous déjà fait l’amour à votre mari et simulé un soupir tandis que vos pensées étaient ailleurs – à votre liste de courses, peut-être ? Ou loué le travail médiocre d’une collègue ? Avez-vous déjà dit à quelqu’un que tout irait bien quand vous saviez que ce ne serait pas le cas ? Je sais que vous l’avez fait. Mensonges pieux, mensonges éhontés, un million de mensonges un million de fois chaque jour, partout, par chacun d’entre nous. Nous cachons tous quelque chose à quelqu’un. »

Un soir dans la petite ville de Fairview. Jenny Kramer, 15 ans, se fait violer pendant près d’une heure dans les bois proche d’un lieu de fête. Pour altérer les souvenirs factuels et émotionnels de ce traumatisme, elle reçoit à l’hôpital un traitement. Tout semble aller pour le mieux mais petit à petit son comportement change. Bien qu’elle n’ait pas conscience de ce qu’elle a vécu, elle sent que ça va mal et elle tente de se suicider. Face à la résurgence inconsciente des souvenirs, Jenny mais également ses parents Charlotte et Tom suivent une thérapie auprès du psychiatre Alan Forrester. Chacun livre dans son cabinet ses secrets mais aussi leurs doutes et leur besoin de retrouver le violeur. Alan les aide dans leur recherche jusqu’au jour où il découvre qu’il est peut-être plus impliqué qu’il ne le croit dans l’affaire. Commence alors un travail de manipulation psychologique qui va laisser des traces.

Wendy Walker nous sert un thriller psychologique très travaillé et documenté. La narration étonne au départ car on se demande qui parle et de façon aussi directe à nous lecteurs. Les tensions sont palpables et le jeu de manipulation s’instaure bien malgré un premier tiers assez laborieux. J’ai plutôt aimé ce roman où la mémoire joue des tours quand on ne lui en fait pas jouer. Cependant, j’ai trouvé qu’il y avait des cassures dans le rythme de la narration et le personnage du psychiatre Alan Forrester ne suscite pas vraiment la sympathie (contrairement à Jenny, Charlotte ou encore Sean, un ancien soldat qui est aussi un patient). Du coup, ce déficit de sympathie rend le final, bien trouvé, moins marquant.

Un thriller agréable à lire mais qui ne révolutionne pas le genre.

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Wendy Walker – Tout n’est pas perdu – Sonatine – 350p