Leiloona organise chaque semaine des ateliers d'écriture. Tous les mardi/mercredi, elle met en ligne sur son blog une photo qui doit permettre d'éveiller l'imagination et mettre ainsi en place un processus d'écriture. Les participants doivent ensuite fournir un texte le dimanche soir qui suit. Le lundi matin, Leiloona les publie ou met les liens des différentes participations. 

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©Leiloona

           Quand Leiloona a posté la photo mardi, je me suis dit : « Chouette c’est Notting Hill, ça m’inspire ! Je vais enfin écrire un texte joyeux ». Et puis, il y a eu mercredi et ma joie s’est envolée. La morosité m’a à nouveau envahie. Mon inspiration a disparu. Du coup, je vais vous faire la liste de ce dont je ne vous parlerai pas.

            Je ne vous parlerai pas de la maison rose pâle. Je n’en aurais certainement pas fait une maison de princesse ou alors la princesse aurait au moins soixante-dix ans et les cheveux blancs. Elle s’appellerait Poupette comme l’arrière-grand-mère de Vic dans La Boom. Elle serait un petit bout de femme pleine de vie, vêtue avec goût comme la reine Elizabeth : robe, chaussures et chapeau assortis.

            Je ne vous parlerai pas non plus de la maison bleue. Dans cette maison vivrait une baleine… bleue évidemment ! Comment ça ce n’est pas possible ? Bien sûr que si, je l’ai décidé ! Elle aurait un système de douche géante sophistiqué et un tout à l’égout de compétition. La baleine serait bien, à l’aise, comme dans les fonds marins.

            Je ne vous parlerai pas de la maison verte. Un petit garçon y vivrait. Il s’appellerait Tistou et il aurait forcément les pouces verts. Il passerait son temps à faire pousser les fleurs et à les offrir aux voisins, notamment Poupette. Il faut dire qu’avec toute la pluie qui tombe sur Londres, il y a de quoi avoir de belles plantes. Et puis, pour les rares moments de canicule, la baleine lui passerait un peu d’eau de sa douche. Oui, les baleines aiment les fleurs.

            Je ne vous parlerai pas non plus de la maison rouge qui serait un bordel SM car le rouge c’est la couleur du sang et du sexe. Oui, c’est très cliché mais je m’en branle. La tenancière secrète serait en fait Poupette. Elle organiserait des orgies nocturnes et n’hésiterait pas à donner elle-même la fessée ou à faire tâter du fouet à des hommes qui crieraient : « Oh yes, keep on, keep on ». Oui, j’ai le droit d’imaginer cela si ça me chante et Poupette a le droit aussi. Qui peut nous en empêcher ? J’aime prendre des libertés.

            Je ne vous parlerai pas de la maison à la porte bleue car il n’y en a pas. C’est bien dommage car elle aurait été la demeure d’un libraire qui attendrait qu’une Julia Roberts en tongs débarque en lui disant : « I’m also just a girl, standing in front of a boy, asking him to love her ». De toute façon, il semblerait que cela existe déjà.

            Voilà la liste des choses dont je ne vous parlerai pas mais que je vous écris tout de même parce que j’en ai envie. Ecrire est un acte magique, il ouvre le champ des possibles. Que je sois heureuse ou malheureuse, je peux écrire tout ce que je veux. Que cela plaise ou non. Ecrire, c’est la liberté de rester, de partir, de vivre, de mourir, d’aimer, de détester. Par chance, des femmes et des hommes se saisissent de cette liberté pour offrir à la lectrice que je suis des univers hallucinants et hallucinés. Qu’ils en soient ici remerciés car dans ce monde parfois difficile à comprendre on a besoin de croire aux licornes et de s’échapper. Liberté, ils écrivent ton nom...

©Virginie Vertigo